Le Tour des présidents

De Gaulle en 1960, à Colombey-Les-Deux-Eglises lors de la 20e étape du Tour de France - AFP

C’est une image estampillée 1960, année de la victoire d’un Italien (Gastone Nencini) dans le Tour. Une image haute en couleur bien qu’en noir et blanc. La silhouette altière du Général (de Gaulle of course) se détache face à quelques champions triés sur le vélo (expression d’un autre Charles, Trenet celui-là). On reconnaît le maillot jaune (Nencini donc), le maillot vert (sur les épaules sprinter Jean Graczyk), le champion du monde (alors André Darrigade). Comme un seul homme, le peloton vient de presser les cocottes (de freins) et se met à trainer (mais pas Charles). Si vous m’avez suivi dans ces méandres, vous aurez compris que l’exemple ayant été donné au sommet de l’Etat par un président deux étoiles (au képi), ses successeurs ont toujours eu à cœur de se montrer sur le Tour de France pour imprimer leur visage dans la mémoire collective.

 

Georges Pompidou excepté, tous ont flatté le coureur en juillet comme l’encolure des bêtes à corne au salon de l’agriculture en mars. La Grande boucle et les comices sont les deux mamelles de la popularité présidentielle pour les locataires de l’Elysée qui rêvent d’un nouveau bail ! Giscard remit son maillot jaune à Thévenet victorieux en 1975, pour la première arrivée du Tour sur les Champs-Elysées. Dix ans plus tard, Mitterrand se fit déposer en hélicoptère sur la route de Lans-en-Vercors où il se mêla à la foule pour prendre quelques photos avec son appareil. Chirac, lui, s’offrit quelques bains de foule quand l’épreuve se déploya dans sa belle Corrèze tandis que Nicolas Sarkozy, se piquant de vélo, suivit quelques étapes dans la voiture du directeur de course, agrémentant le trajet de ses commentaires véloces sur Lance Armstrong qu’il continue d’admirer. Quant à François Hollande, il ne manquerait pour rien au monde ce rendez-vous avec la France que lui offre le tour du même nom. Il en profite pour filer la métaphore de la politique comparée à une course par étapes, avec des équipiers qui, parfois, doivent savoir se sacrifier pour leur leader… Spectacle gratuit, la Grande Boucle peut être payante en terme d’image. Il n’y a pas que les sponsors et les marques de la Caravane publicitaire qui le savent.

Publié par francetvsport / Catégories : Non classé