Les éléphants de Limoges

Un sprint à tout casser ! Une poignée d’éléphants (affûtés, les éléphants) dans une Limoges de porcelaine. Des rue bossues festonnées de calicots jaunes pour accueillir le Tour, sous un soleil radieux. L’électricité était revenue, hier dans la Grande Boucle. Marcel Kittel a été à deux doigts, disons trois millimètres, de se prendre un Coquard dans l’œil mais au final et au finish, c’est bien l’allemand qui a eu l’œil et le bon, la vision et la vista pour jeter sa bécane dans l’écume de la ligne blanche.

 

Grâce aux hélicos, on a survolé le futur vélodrome Raymond Poulidor, un superbe anneau en construction sur la terre limougeaude. Un joli pied de nez de l’histoire si on se souvient que notre Poupou national n’a jamais brillé dans les emballages finaux, craignant cette confrérie bien particulière des sprinters qui frottent et mettent les coudes à table… Mais sa notoriété si singulière et universelle (Blondin inventa un mot pour ça : la poupoularité) en a décidé ainsi : le nom de Poulidor brillera aussi chez les as du pignon fixe !

 

Impossible de quitter Limoges sans évoquer ce prologue du Tour 1970 que remporta le roi Eddy. Pour sa deuxième participation à l’épreuve, (qui serait sa deuxième victoire), Merckx s’empara sans coup férir du maillot jaune. Il espérait le conserver jusqu’à Paris, réaliser un grand schlem dans la Grande Boucle. C’état compter sans son coéquipier le bon italien Italo Zilioli, lecteur de Malaparte et des grands philosophes, qui ravit la tunique à son maître dès le lendemain, traitre malgré lui, au hasard d’une belle échappée où il s’était contenté de suivre. Merckx put se consoler sans trop attendre. 98 maillots jaunes ont couvert ses épaules. Poulidor, l’éléphant mythique du Limousin, ne vit jamais la couleur d’un seul…

 

 

Eric Fottorino

Publié par francetvsport / Catégories : Non classé