Le Tour ne peut passer son tour

Illustration Public during the 103th Tour de France 2016, Stage 14 Cycling race, Montelimar - Villars-les-Dombes Parc des Oiseaux(208,5Km), France - Photo Tim De Waele / DPPI

Bien sûr, il ne fallait pas arrêter le Tour. Christian Prudhomme, le patron de l’épreuve, a expliqué avec force pourquoi il fallait continuer. Il a eu raison. De la dignité, des minutes de silence, des brassards noirs. Une caravane publicitaire silencieuse, des podiums sobres. C’est ce que les coureurs et l’organisation devaient aux victimes de la tragédie de Nice. Mais stopper la fête aurait été une punition supplémentaire et bien inutile pour un pays et pour sa population habitués à célébrer juillet au rythme du Tour. Une part non négligeable de notre identité nationale se manifeste chaque année été sur les routes et au bord des routes. Toutes générations confondues, toutes classes sociales mélangées, c’est une véritable communion laïque, une ferveur sans cesse renouvelée, 15 millions de personnes qui sortent de chez elles pour applaudir les coureurs, aller les voir passer, parfois très loin, sur les pentes des cols alpins ou pyrénéens.

 

Depuis 1903, rares ont été les moments où la Grande Boucle ne s’est pas disputée. Comme l’écrivait jadis le journaliste Jacques Marchand, « chaque arrêt du Tour est un arrêt du cœur ». 4 fois entre 1915 et 1918, 7 fois entre 1940 et 1946, le Tour a passé son tour. Et ce fut chaque fois comme si la France n’avait plus été complètement la France. Et pour cause. Seules les guerres ont eu provisoirement raison de cette fête nationale que représente l’épreuve née en 1903. A chaque fois, la paix revenue, le Tour telle une hirondelle a annoncé le printemps de la paix. Et c’est pourquoi il ne peut, il ne doit s’arrêter.

 

Eric Fottorino

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