PLUS DE 500 KM

C’est David Castera (alors Directeur de course du dakar) qui avait trouvé la formule lors des recos : « Les nuits sont courtes, mais le sommeil est profond ». Voilà douze jours qu’on vérifie l’adage et ce n’est pas notre nuitée chez l’habitant dans un petit village au bord du salar qui fait exception à cet ordinaire des reconnaissances du Dakar.

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Le grand changement tient dans la matinée qui suit. Pour une fois, on peut profiter de l’incroyable « silence d’altitude » qui nous accompagne depuis que les roues des voitures se sont posées sur l’altiplano. L’équipe s’est installée dans un hotel, complet hier soir. Il est 7 heures. Un petit-déj’ nous attend. Le soleil inonde la terrasse. On va pouvoir souffler deux ou trois heures dans la grande salle de repas de cet établissement géré par la communauté indienne, qui accueille des groupes de touristes visitant le salar et les environs.

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La course passera tout près de notre village-escale. Pour le rallier hier soir, on a roulé de nuit sur une cinquantaine de km. A la lumière des phares, tout change : perception de la piste, obstacles, changements de direction. « On pourrait toujours continuer à écrire le road-book quand il fait nuit, mais on ne veut pas, me dit Pablo Eli, rédacteur du livre de route des concurrents. Ce ne serait pas très sérieux, en fait. La nuit, tu vas changer la notion de danger sur le road book, tout simplement parce que tu n’as plus du tout la même vision. C’est comme si tout te sautait aux yeux. Alors tu risques d’exagérer les dangers ou encore d’oublier de signaler qu’il y a une piste qui part sur le côté… Et ça, c’est très important pour les copilotes » .

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Voilà donc Jean-Pierre Fontenay et Pablo repartis en sens inverse pour écrire les 50km manquants. Avec eux Patrick en « voiture » de soutien.

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Voilà donc pourquoi nous avons le temps de profiter d’un temps de « repos ». Je le mets à profit pour écrire sur ce blog, Régis tourne une séquence expliquant le rôle de Némo qui gère la partie inhérente à la sécurité durant le rallye. Il y toujours un truc à faire…

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Midi (ou à peu près), Fontenay, Eli et Juillet sont de retour. C’est reparti pour toute la troupe il reste une centaine de km à boucler. Plutôt rapides. On commence par l’équivalent d’un Pike’s Peak à flanc de volcan. La piste est large, gravillonneuse, ça glisse, ça dérive, ça va vite. Descente du haut des 4500m pour revenir à 3600m le long d’une laguna blanche de sel et verte d’eau, parsemée de flamands roses. Un canyon pas très haut mais cassant à souhait plus loin, on sort de la spéciale. Plus de 500km en tout, alternant du très rapide et du très technique. « Un régal de pilotage, dit Fontenay. Et encore une fois, concentration exigée. Tu te rappelles du moment où ça à l’air facile et que soudain tu te retrouves avec une série de woops si peu visibles ? Elle ne te laisse jamais tranquille, cette trace ». On ajoutera à cette obligation d’ouvrir les yeux, l’envie (pour certains)… de les fermer. Ce sera le 3ème jour de course à plus de 3000m et croyez ceux qui en reviennent : ça fatigue…

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La fatigue est un état que Tiziano Siviero ne connaît pas ou très peu. Dans les radios qui relient les voitures : « Ce serait bien de commencer la spéciale camions, ça nous avancerait pour le timing de demain. » Après notre nuit rustique, on se prenait à rêver d’un lit plus douillet à notre arrivée à Uyuni. Le lit attendra encore deux heures, on va, dos au couchant, s’attaquer au début de la trace spécialement dédiée aux camions pour l’étape N°6 du dakar 2016.

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Les 50 premiers km de la spéciale que nous bouclerons jusqu’à la tombée de la nuit s’avèrent très intéressants. Terrain sablonneux, entrelacs de pistes. Pilotage et navigation. Les géants vont s’amuser et peut-être bien galérer. On termine à la nuit. Et on file à l’hôtel de sel. On l’a bien mérité.

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