Nos reconnaissances du Dakar 2017 commencent par un bien long voyage

13 heures de vol de nuit Paris-Buenos-Aires, une heure de Taxi pour changer d’aéroport et passer d’Ezeiza à l’Aéroparque Newbery et encore 2 heures de vol pour Salta . Là nous retrouvons Luis Alberto Gomez, dit LAG, qui nous pilotera tout au long de la semaine à venir.

Mais le voyage n’est pas fini : 2 heures de route pour rejoindre Marc Coma (le Directeur de course) et Francisco Rometo (responsable logistique) qui nous attendent à Cafayate.

Une petite collation, genre goûter, et c’est reparti pour 2 heures de plus, vers le sud . 20 heures après le décollage de Roissy nous retrouvons enfin toute l’équipe des recos. Notre première nuit argentine se passera sous les étoiles.

 

Le bivouac est en cours d’installation. On tombe dans les bras de ces compagnons de route avec qui nous partageons des moments exceptionnels depuis 9 ans et on se met au boulot. Premières images et interviews, montage du campement, préparation d’un succulent asado…

La structure de l’équipe a changé depuis l’an passé : Tiziano Siviero, membre de l’organisation du Dakar depuis l’arrivée en Amérique du Sud, remplace Jean-Pierre Fontenay (parti diriger une Dakar Academy en Chine) au volant de la voiture qui trace le road-book. A ses côtés, Xavi Colomé, Catalan, comme Marc Coma. Xavi est l’ancien coéquipier de Pep Vila, pilote camion émérite de l’écurie Iveco. Siviero a été deux fois champion du monde des rallyes en 88 et 89, à la droite de Miki Biason. Deux anciens co-pilotes pour rédiger le road-book…Avec dans l’idée de compliquer la vie aux équipages en matière de navigation.

 

Les Way Points Control (WPC)…La nouveauté du Dakar 2017 et le premier de nos sujets de conversation, dès le premier soir. Observateur l’an passé, Marc Coma peux désormais « oser » cette année. Et il n’y a pas mieux placé que lui (il a gagné le Dakar 2015) pour savoir à quel point les écuries d’usine font usage de toutes les technologies hightech pour pré-lire et donc prédire le Road Book livré le soir pour l’étape du lendemain.

Les Mapmen (cartographes embauchés par les top-teams) sont capables de dessiner hyper précisément le tracé de la spéciale. Evidemment, côté surprise et aventure…y’avait à redire…

Pour lutter contre le phénomène, Coma a donc décidé de dégrader les GPS fournis par l’organisation (les seuls autorisés dans les véhicules). Jusque l’année dernière, les concurrents « attrapaient » les way points de la manière suivante : à 800m (parfois moins) du point de passage obligé une flèche apparaissait sur l’écran du GPS pour les guider jusqu’au point PRECIS, puis une deuxième flèche leur indiquait pendant quelques instants la direction du way point suivant .

 

Tout ça, c’est fini ! Coma : « Maintenant avec les Way Points Control, ils vont arriver dans un cercle virtuel de 300m de rayon au milieu duquel se trouve le point. Le truc est que, dès qu’ils entreront dans le cercle, le GPS émettra un bip et validera le point, sans flèche indicatrice ! Et plus de flèche pour les guider sur le point d’après non plus ! Tu sais que tu es passé suffisamment près du point pour l’avoir mais rien de plus. Le GPS ne te dit plus si tu es à gauche ou à droite du point et il ne te dit plus de quel côté est le prochain point »

En théorie, le projet est cohérent. Il va clairement compliquer la tâche des copilotes qui, j’en suis sûr, vont venir râler très fort dans les oreilles de Coma tous les soirs au bivouac. Je suis sûr -aussi- que Coma tiendra bon. « Pour retrouver une certaine forme d’aventure, d’incertitude, c’est la meilleure solution pour l’instant » conclut le Directeur de course.

La pratique commence demain : on attaque la spéciale N°9. Il est minuit passé. Au lit ! Sous les étoiles…