Plus de trêve des confiseurs ! Pas de place pour les rétrospectives et les tableaux d’honneur. Même si le rythme des compétitions se ralentit, entre Noël et le jour de l’an le sport est omniprésent à la « Une » de l’actualité en cette fin d’année 2013. Voici donc à quoi aurait pu ressembler le stade 2 qui n’a pas eu lieu dimanche dernier.
On aurait pu ouvrir l’émission avec la quenelle d’Anelka. Une mise en bouche amère en ces périodes d’intolérance et de communautarisme exacerbés. Une habitude fâcheuse désormais pour célébrer un but ou faire passer un message inopportun sur un terrain de sport. Une dédicace à Dieudonné. Un geste « antisystème » en aucune manière teinté d’antisémitisme, à en croire Nasri qui lui aussi s’était plié, il y a peu, à l’exercice.
On notera seulement que les footballeurs professionnels de ce niveau font partie des nantis du système. De se déclarer l’espace d’une quenelle hors système, peut faire sourire à minima. Le ballon et tout le business qui l’entoure garantissent aux princes du football un niveau de vie qu’ils auraient eu peine à imaginer durant leur enfance. Evidemment le plus grave s'étale comme une maladie honteuse en coulisses . Il suffit de surfer sur Twitter ou Facebook pour prendre conscience de l’ampleur du phénomène. La quenelle pour certains est loin de se parer des vertus de l’innocence, de la blague de potache. Nauséabonde, elle véhicule, sous couvert d’anonymat souvent, la haine et l’exclusion. D’autres champions piégés par l’objectif , dans cette même posture ont heureusement depuis fait machine arrière. On peut rire de tout bien sûr mais pas avec n’importe qui.
On aurait pu ensuite parler de ces JO à venir, vitrine annoncée de la toute-puissance poutinienne, De ses coûts exorbitants en termes d’infrastructures et de sécurité. De ces jeux à hauts risques bien éloignés de l’idéal coubertinien.
A 40 jours de la cérémonie d’ouverture 40 personnes ont perdu la vie. En guise de hors d’œuvre, d’avertissement. Trois attentats en quatre jours perpétrés dans la région de Volgograd, dans le nord Caucase. Le milliard d’euros injecté par l’état russe pour garantir la sécurité des athlètes pendant la quinzaine olympique, suffira- t-il à masquer les tensions extrêmes qui secouent la région ? Comment le CIO a-t-il pu ignorer à ce point cette bombe à retardement ?
Conscient de la lourdeur des premiers sujets, une place aurait sans doute été réservée au conte de Noël de Bercy. A l’occasion du All Star Game de basket, un spectateur désigné par le sort parmi les 14000 qui garnissaient les tribunes a remporté un chèque de 100000 euros en expédiant du milieu du terrain, le ballon dans le panier. Une seule tentative pour empocher le gros lot d’un loto jusqu’à présent vierge de gagnant. Suffisant pour déclencher l’hystérie et porter en triomphe le héros du jour. Un chômeur extatique qui masque à lui seul le désarroi de tous les autres. Tous les éléments réunis pour écrire une belle histoire et faire fonctionner à plein régime la machine à rêves.
On aurait pu en rester là, mais la tragédie est venue s’inviter avec une grande brutalité. Le crâne de Michael Schumacher, le septuple champion du monde de F1 a heurté violemment un rocher du côté de Courchevel. Destinée brisée pour un champion d’exception, qui avait déjoué tous les pièges des circuits et pouvait désormais couler des jours heureux, à l’abri du besoin, des soucis des communs des mortels.
Le drame qui frappe Schumi met en lumière la fragilité des êtres face aux lois de la nature. Tout peut basculer m’importe tout et à n’importe quel moment. Personne n’est véritablement à l’abri. Ni les démunis, ni les nantis. Ce constat implacable devrait nous faire réfléchir. Plutôt que de véhiculer le ressentiment et la haine, il serait plus valorisant pour tous de privilégier la tolérance et la compassion.
Le sport, quel que soit son niveau de pratique, est un formidable vecteur pour y parvenir. Lorsque l’on transpire et que l’on souffre, on se moque éperdument de la couleur de peau ou de la confession de son partenaire d’entraînement ou de compétition.
A chaque instant, notre vie peut s’interrompre. Profitons d’être vivants pour offrir ce que nous avons de meilleur en nous. Un geste simple sans ambiguïté aucune. Un peu d’amour partagé. Bonne fête à tous, belle année à venir et beaucoup de courage à la famille de Schumi.
De mon village capital
Où l'air chaud peut être glacial
Où des millions de gens se connaissent si mal
Je t'envoie comme un papillon à une étoile
Quelques mots d'amour
Je t'envoie mes images
Je t'envoie mon décor
Je t'envoie mes sourires des jours où je me sens plus fort
Je t'envoie mes voyages
Mes jours d'aéroport
Je t'envoie mes plus belles victoires sur l'ironie du sort
Quelques mots d’amour. Michel Berger