A la rencontre de Philippe Mexès et Jérémy Menez

Philippe, tu nous présentes Jeremy...

Philippe MEXES : "Jeremy, c'est le talentueux, le futur Zizou! Je l'appelle Mimi. C'est un grand garçon maintenant. Ca fait trois ans qu'il est là, et trois ans ici à Rome, ça vaut dix ans en Ligue1! Quand tu changes de pays, de culture, de langue, il faut se mettre dans le bain, et ce n'est pas évident.

Jeremy MENEZ : "Philippe, c'est le grand frère. Il m'a beaucoup aidé quand je suis arrivé, et ça je ne l'oublierai jamais. En tant que joueur, c'est le Roc de Rome, le grand défenseur de l'Italie, et il est en train de prouver en équipe de France que c'est un grand défenseur. Ca fait sept ans qu'il est là. Il n'a plus rien à prouver. Il a prouvé de quoi il était capable."

Son surnom dans le vestiaire?

J. MENEZ : "Philou, c'est le beau gosse de Rome, tous les filles l'aiment bien ici. Il a même sa chanson ici en Italie : "E bellissimo!"

P. MEXES : "Le beau gosse, tu rigoles, c'est Boriello, le sex-symbol de l'équipe!"

Jeremy, depuis ton départ de Monaco, tu es devenu un autre joueur ici à la Roma...

J. MENEZ : "J'ai beaucoup mûri. Avant, on me reprochait souvent de jouer tout seul, de ne pas défendre. En venant ici, c'est tout ce que j'ai appris à changer dans mon jeu. Ca m'a permis de progresser. Ca m'a fait du bien de venir en Italie, mais j'espère bien aller plus haut encore."

P. MEXES : "Il en a conscience. Il nous fait gagner des matchs. Il a cette capacité à changer le rythme, à changer la donne d'un match en un clin d'oeil. On a pu le voir en équipe de France sur le but de Karim. C'est une action à l'image de son talent."

Et il te fait les passements de jambe à l'entraînement?

P. MEXES : "Ca oui, j'en prends pas mal. Et, je peux te dire que c'est frustrant pour un défenseur de souffrir comme ça à l'entraînement. Mais bon, ça va, il est gentil avec moi. Tu sais, ça m'a fait du bien aussi de le voir arriver à Rome. Ca me donne un bol d'air frais de parler français, de rigoler et de partager des choses entre français."

Le 25 janvier dernier, Jeremy, tu as marqué un but à la Ronaldo contre Cagliari...

J. MENEZ : "J'avais commencé remplaçant. J'étais rentré à 20 minutes de la fin. C'est Vucinic qui me lance en profondeur. J'arrive seul devant le gardien, je le dribble et je la mets au fond tout simplement...

Ca a l'air facile...Vu de derrière, Philippe, ça donnait quoi?

P. MEXES : "J'ai juste vu le gardien plonger d'un côté et lui partir de l'autre! Celui-ci est beau mais il y en a eu plein d'autres cette saison : la frappe en lucarne contre le Shaktiar Donetsk, l'intérieur du pied à la Thierry Henry contre Udinese, c'est un truc de fou!"

Et contre Cagliari, c'était sous les yeux de Michel Platini...Tu l'avais rencontré avant le match d'ailleurs, Philippe?

P. MEXES :"Oui, avec la présidente Rosella Sensi. Ca faisait bizarre. J'étais vraiment admiratif devant lui. C'est MONSIEUR PLATINI. Avec tout ce qu'il a fait, c'est respect! Chapeau bas."

Et en équipe de France, on dit aussi MONSIEUR LAURENT BLANC?

J. MENEZ :"Oui, c'est Monsieur Blanc. Il fait partie de la génération qu'on regardait à la télé quand ils ont gagné la Coupe du Monde. Et quand on va en sélection, il y a un énorme respect pour lui. Ce qui est bien avec lui, c'est qu'il nous donne énormément de confiance. Et du coup, on évolue libérés.

P. MEXES : "C'est un groupe qui vit bien. On s'entend tous super bien. Et quand tu sais que tu as la confiance de l'entraîneur, tu te libères davantage. Tu te dis : "vas-y, profite!"

C'est le jour et le nuit par rapport à Raymond Domenech?

P. MEXES : "Chacun sa méthode, sa mnière de faire. Je n'ai rien à lui reprocher. Il m'a donné ma chance, je n'ai pas su la saisir, comme beaucoup d'autres. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Ce que je peux dire, c'est que l'actuel sélectionneur, c'est quelqu'un qui a vécu, qui s'y connaît, qui a gagné des titres, qui a gagné avec l'équipe de France. Il peut nous transmettre tout son expérience, et il a une philosophie complètement différente de l'ancien sélectionneur."

Cette équipe de France, elle a le potentiel pour aller gagner quelque chose?

P. MEXES : "Alors là, honnêtement, on ne voit pas aussi loin. On n'est peut-être pas des phénomènes mais on donnera tout pour l'autre sur le terrain. On a envie de donner le maximum. On a battu l'Angleterre et le Brésil mais on a encore beaucoup à montrer. Il faut rester humble, être patient."

J. MENEZ : "On a envie d'aller loin, de construire quelque chose de grand. Cette équipe n'a pas de limites et peut aller très loin si tout le monde est sur la même longueur d'onde et travaille l'un pour l'autre."

On a vu le vrai Jeremy Menez contre le Brésil...

J. MENEZ : "J'étais déçu après mes premières apparitions. Je suis revenu avec une autre mentalité pour montrer ce dont je suis capable. J'ai peut-être marqué des points contre le Brésil mais je n'étais pas pleinement satisfait de mon match. Je n'ai pas fait une très bonne première mi-temps. Après, heureusement, plus je me sens en confiance, plus je me libère. Mais, j'ai encore beaucoup à prouver."

Tu as vu, Phliippe s'est fait un nouveau copain en sélection...

J.MENEZ : "Oui, Adil Rami. Ils s'entendent super bien. Avant, ils ne connaissaient même pas et maintenant ils ne se lâchent plus!"

P. MEXES : "Avec Adil, on s'est rapproché inconsciemment. On est dans le même délire. Il fait rire la galerie, c'est un clown, un fou-furieux. Tout le monde rigole de ses bêtises à Clairefontaine!"

Et on vous retrouve où l'année prochaine?

J. MENEZ : "Il me reste un an de contrat. Ca fait trois ans que je suis ici, j'ai franchi un pallier. On verra à la fin de la saison mais j'ai été déçu par un certain nombre de personnes ici.

Arsenal, c'est une piste à explorer?

J. MENEZ :"Pourquoi pas. C'est un grand club. J'aime beaucoup l'Angleterre, je suis admiratif de leur jeu, j'ai des amis aussi là-bas. Donc pourquoi pas, oui...

Philippe, toi, tu as le choix...

P. MEXES : " Je suis en fin de contrat. Déjà, je croise les doigts pour ne pas me blesser. On va évaluer toutes les possibilités et prendre une décision. On verra...Je suis libre, les équipes se renseignent et savent qu'il n'y a pas de transfert à payer. Ca fait quand même sept ans que je suis ici, on va réfléchir...

J. MENEZ : "Toute histoire a une fin. Il a toujours tout donné ici. Il faut le comprendre. Quelle que soit sa décision, personne ne pourra rien lui reprocher."

Milan AC, c'est signé? Toute la presse italienne l'annonce...

P. MEXES : "Oui, je vois ça. On m'envoie partout! Non, il n'y pas décision de prise. C'est dur comme situation, c'est délicat tous ces bruits...Sincèrement, je ne sais pas. Je vais bien prendre le temps. Il y aussi la famille qui rentre en compte. On verra..."

Propos recueillis à Rome par Fabien LEVEQUE