L’argent peut et justifie tout. Si quelques âmes naïves en doutaient encore, la FIFA vient d’enfoncer le clou de la façon la plus spectaculaire en attribuant l’organisation des coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Passe encore pour la Russie même s’il semblait sportivement plus judicieux de revenir en Angleterre, à l’endroit même où ce sport si merveilleux a été inventé. C’eut été la logique même pour ce pays qui comme le Brésil respire le foot et n’a accueilli l’épreuve reine qu’à une seule reprise en 1966. L’Angleterre l’avait alors emporté en finale face à l’Allemagne mais le meilleur gardien du monde s’appelait Yachine et il était russe. Donc va pour la Russie de Poutine qui réalise à cette occasion le grand chelem. Championnats du monde d’athlétisme 2013, Jeux Olympiques d’hiver 2014 et Coupe du monde 2018. « Ca sent le gaz ! » Maugréeront les plus bougons.
N’empêche, en filigrane de cette distribution de prix se dessine la lutte farouche qui oppose le CIO, la FIFA et l’IAAF, autant d'états dans l'état , capables de tous les grands écarts pour asseoir leur emprise sur la planète sport. La FIFA a incontestablement repris la main en plébiscitant le Qatar pour 2022. Quitte à défricher de nouveaux espaces autant que cela rapporte. Le Maroc, terre de foot tant de fois recalée appréciera. Le Qatar on le sait est une vaste étendue désertique dont le destin a basculé avec l’exploitation intensive de l’or noir dont son sous sol regorge. Que cet état souverain ait décidé d’anticiper l’après pétrole en investissant massivement dans le sport a quelque chose de réjouissant. Les autorités qataries ont d’ailleurs mis en place dans le domaine de l’entraînement notamment des installations de grande qualité. Dubaï et Abu Dhabi placés devant la même problématique ont eux choisi d’investir dans le tourisme et la finance avec le même sens de la démesure.
Ce qui me gêne en revanche, c’est le peu de cas que l’on fait des footballeurs et de leurs supporters. Ceux qui par leurs efforts en définitive génèrent cette lucrative économie. Comment imaginer que puisse se dérouler normalement une compétition si éprouvante par des températures avoisinant les 50 degrés ? Comment oser célébrer une fête planétaire dans une seule ville (Doha), dans un pays où la moindre consommation d’alcool pose un problème, où les femmes le plus souvent sont voilées ou invisibles ? Bien sûr avec l’argent tout devient possible. On skie bien dans un centre commercial de Dubaï par une température de moins 2 degrés. Le Qatar a d’ailleurs prévu de construire des enceintes climatisées modulables qui seront après la compétition délocalisées dans des pays plus démunis. Noble intention. Mais que restera t-il de l’essence même du football ? Quid de la qualité du spectacle, de l’ambiance, de l’intégrité physique des joueurs ?
La FIFA a choisi de diffuser sa grand-messe virtuellement. L’audience télévisuelle palliera le manque d'engouement populaire sur place. Les tribunes seront réservées aux VIP, aux supporters triés sur le volet. Quant à savoir quelle formation le Qatar pourra aligner sur sa pelouse, il reste 12 ans à ses dirigeants pour s’acheter des jeunes talents et les naturaliser. Le Bahreïn a montré la voie avec un certain succès en athlétisme en puisant allégrement dans les réservoirs kenyans ou éthiopiens. L’argent peut tout y compris aveugler les experts et c’est bien ce qui me chagrine le plus. Il fallait voir les mines réjouies des stars qui avaient milité pour cette candidature. A les entendre, toutes les critiques émanaient d’esprits étroits et conservateurs incapables de lever la tête, de s’ouvrir aux économies nouvelles. Là encore le Qatar s’était offert le must. Zidane, Guardiola, Battistuta. Un quotidien australien, le Hérald Tribune parle d’une somme faramineuse de 15 millions de dollars (Soit à peu près 11 millions d’euros) offerte au seul Zizou pour endosser le costume d’ambassadeur. Etait-ce le prix à payer pour faire avaler à l’opinion publique de telles couleuvres ? Zidane après avoir exprimé sa satisfaction de sortir victorieux de cette bataille affirma que son rôle d’ambassadeur s’arrêtait là. Quel dommage ! Sa mission à mon sens venait tout juste de débuter. Un champion de son rang se devait prouver à tous les détracteurs du projet que son attitude n’avait pas été strictement mercantile, que la FIFA n’avait pas failli dans sa tâche, que la coupe du monde serait toujours l’occasion de fêter le football et ses supporters dans le respect d'une certaine éthique.
Viva les bleus - Coupe du Monde 86 - Mexique
envoyé par anthony88. - Anniversaire, mariage, premiers pas en vidéo.