Ce soir je ne voudrais être à la place de Sam Warburton. Le troisième ligne Gallois risque de regretter longtemps l'énorme plaquage cathédrale infligé à Vincent Clerc après 10 minutes de jeu seulement. L’arbitre en brandissant à son endroit logiquement un carton rouge a doublement puni le joueur gallois contraint de laisser ses copains jouer en infériorité numérique pendant plus d’une heure.
Une tragique erreur de jeunesse pour celui qui jusque à méritait de remporter l’oscar de la révélation de cette coupe du monde de rugby.
Warburton victime de son talent précoce ? Sans doute puisque son entraîneur n’a pas hésité à lui confier le brassard de capitaine à tout juste 23 ans.
Lui qui se devait de monter l’exemple à ses équipiers a franchi la frontière ténue entre l'ardeur au combat et le jeu dangereux. Brutalement déchu de son statut de chef de meute, il lui faudra beaucoup de temps pour se reconstruire.
Sam le sobre ne pourra ce soir même pas noyer son chagrin dans l’alcool de la troisième mi-temps puisqu’il s’est forgé la réputation de n’en jamais boire une goutte. Une sacrée carte de visite dans un pays où la bière coule à flot.
Sam l’inconsolable ne pourra pas non plus trouver les mots pour consoler ses camarades dans le vestiaire, empétré qu’il est dans une gluante culpabilité.
Car le capitaine gallois a incontestablement failli. Dans le rugby, comme dans la marine, il doit être le dernier à abandonner le navire. Et pour enfoncer encore un peu plus le couteau dans la plaie béante, tout le monde et le joueur en premier lieu ont pu constater que l‘embarcation galloise était loin d’être à la dérive.
A 14 contre 15 et malgré la faillite de leurs buteurs, les diables rouges ont largement dominé les français. Il n‘est pas interdit de penser qu’en défendant leurs maigres chances aussi vaillamment, les poireaux gallois voulaient rendre hommage à leur capitaine.
C’était la réponse qu’ils avaient choisi pour tenter d’atténuer la peine de leur capitaine. Mais ont échoué sur le fil d’un petit point comme si un esprit malin s’acharnait encore à remuer un peu plus le couteau dans la plaie du malheureux Sam.