Notez moi !

En ces périodes troublées, les agences de notation gouvernent le monde. Les états endettés  sont suspendus  aux  menaces de dégradation de leur sacro sainte note.

Un papier paru dans le journal Le Monde daté du 6 octobre dernier, montre aussi qu’en matière d’éducation la notation omniprésente dans le cursus scolaire a tué progressivement le plaisir d’apprendre.

La presse sportive n’échappe pas à cette règle qui cherche à toute force à réduire la performance d’un athlète à un chiffre compris entre 1 et 10.

Quelle légitimité possède celui qui ose   juger des sportifs de très haut niveau,  confinés dans un schéma éminemment collectif ? 

 Pourquoi vouloir à toute force séparer le bon grain de l’ivraie ?

En vertu de quels critères ?

La partie immergée des tâches en rugby est à peu près la même que la taille visible des icebergs. L’essentiel est insondable.

Le journal l’Equipe tente depuis quelque temps de pousser encore un peu plus loin  l’expérience  dans ce domaine. Non content d’attribuer une note, l’envoyé spécial du quotidien demande désormais  leur avis aux intéressés. C’était encore le cas à l’occasion de la brillante qualification des bleus pour la demi-finale de la coupe du monde.

La  réaction de certains cadres de l’EDF à cette sanction chiffrée est d’autant plus remarquable qu’ils baignaient se soir là dans la douce euphorie qui suit les victoires.

Lionel Nallet le deuxième ligne rejette en bloc la méthode. » Je n’ai pas de note à me mettre. Pour tout vous dire, je m’en fous. C’est dérisoire une note ! » 

Morgane Parra, l’ouvreur occasionnel, préfère taper en touche. » Je ne veux pas parler de moi. » 

Maxime Mermoz  tient un discours plus consensuel. « Sur 10 c’est difficile de se mettre une note ? Je ne sais pas. 7 ? Le problème c’est que je ne connais pas les critères de notation. » Qui les connait du reste ?

Le journaliste assis en tribune attribue une note comme d’autres un talent d’or ou un titre MVP. Au feeling

Puisqu’il le faut bien. Mais le faut-il vraiment puisque la note fragilise le collectif et à terme tue le plaisir ?

Le rugby est un sport où l’on gagne ou l’on perd à 22. Tout le reste n’est que très mauvaise arithmétique. La preuve. A part ces trois témoignages, aucun des autres joueurs interrogés n’a souhaité entrer dans ce petit  jeu absurde.

Publié par pmontel / Catégories : Rugby