Faut-il à toute force s’opposer au silence que l’on vous oppose ? Traquer sans relâche celui qui s’esquive ? Tout dépend évidemment de la valeur du silence, du sens de l’esquive.
Dans Stade 2, Fabien Levêque nous a proposé un reportage édifiant réalisé à Shanghai, nouvel Eldorado des footballeurs. Il pourrait s’intituler. » A la recherche du sieur Anelka. »
Le Nico intime aperçu récemment sur Canal dans les Trappistes, a décidé une fois pour toutes de claquer la porte au nez à tous les titulaires d’une carte de presse. Les raisons de cette brouille durable restent obscures mais après tout ce comportement à défaut de l’honorer le regarde.
Le problème c’est que même indésirable chez les bleus, Anelka continue de faire parler. Son dernier coup de maître. Une préretraite platinium en Chine avec la signature d’un contrat faramineux qui lui assure pour le moment le titre de sportif français le mieux rétribué de la planète.
Les tribulations d’un Anelka même muet en Chine ne pouvaient alors laisser les rédactions indifférentes. Emilie, une journaliste amie free-lance, installée à Shanghai depuis longtemps, m’avait pourtant prévenu. Nico à l’export ne fait pas dans la demi-mesure. Tous les journalistes sont à fourrer dans le même sac.
Les spécialistes du sport comme les autres. La malheureuse accourue à la conférence de presse de présentation du grand homme a manqué recevoir dans la figure la porte de son 4x4 rutilant.
A l’occasion de son premier match en terre chinoise, Nicolas a exigé plus encore. Que les caméras se retirent lorsqu’il quitterait la pelouse de manière à confisquer son image en plus de sa voix dès le coup de sifflet final.
Muet et invisible. Mais comptable de ses deniers et soucieux de ceux que ses sponsors lui octroient généreusement. Eux doivent forcément se sentir floués de ce comportement autiste. Les investisseurs chinois pour l’heure font le dos rond, réprimant avec difficulté leur étonnement et leur désarroi.
Anelka s’est tout de même fendu pour fêter son arrivée d’une interview exclusive accordée à la télévision nationale chinoise. Et là, stupeur et tremblements. Au lieu de déguster un florilège de bons mots de la bouche du bad boy du ballon, le peuple chinois, tout ouie, eut droit à un brouet tièdasse.
NIco concéda du bout des lèvres qu’il aimait les voyages et estimait tout particulièrement ses hôtes chinois. Des gens respectueux et travailleurs. Il y avait pourtant tant de choses à dire dans tant de domaines et pas seulement concernant sa personne.
Le niveau du football en Chine reste faible miné par la violence et la corruption. Nico aurait pu en échange de son astronomique salaire endosser le costume de grand frère ou de pédagogue. Rien de tout cela. Un tissu de banalités. Un mix d’ignorance et de mépris.
Nicolas a bien raison de se moquer de tous ceux qui le traquent. S’il garde le silence, c’est tout simplement parce qu’il n’a rien à dire.