Et puis quand il plonge enfin sans bouée dans le grand bain des questions, il manque à plusieurs reprises de s’y noyer. Son vocabulaire est si pauvre qu’on a presque envie de prendre sa défense.
Pas question en tout cas pour moi de lui jeter la pierre. La seule chose qui me gêne c’est l’espace exorbitant que cette conférence de presse occupe dans l’actualité du jour. Le joueur moderne standard joue et lorsque ses propos s’éloignent des considérations tactiques et techniques, il se disqualifie le plus souvent.
Seulement voilà nous sommes en début de semaine, dans le ventre mou des performances et des classements, et le journaliste sportif n’a que les plates excuses de Ribery pour nourrir son argumentaire quand tous ses autres confrères dissertent sur la menace nucléaire au Japon et la guerre en Libye au risque de zapper la Côte d’Ivoire au sous sol sans doute moins prometteur.
Il est des mardi où l’on ferait mieux, côté sport et talk show, de mettre la pédale douce. Car si Ribery est réputé pour sa polyvalence, c’est sur le terrain exclusivement. Du terrain et des ballons ! Cela résonne un peu comme du pain et ces jeux. Les stars du foot, détectés à la pré-adoslescence n’ont justement ingurgité que cela durant leur apprentissage. Les livres et les cahiers sont réservés à une minorité, à la discrétion presque exclusive des parents.
Dans une passionnante étude sociologique, Stéphane Beaud constate le décalage de plus en plus grand entre la pauvreté culturelle des bleus d’aujourd’hui et le monde frénétique et vain dans lequel ils sont projetés. Un univers cyniquement gouverné par l’argent où la morale et l’éducation n’ont plus leur place. Même le marché du travail est devenu incontrôlable. A force de transferts et de commissions juteuses, le joueur mercenaire est vendu comme une marchandise au plus offrant. Plus question dès lors de s’attacher à un club ou à un maillot. Quand un joueur désormais jure qu’on lui a manqué de respect, il fait juste allusion à une négociation financière qui peine à se concrétiser.
Ce mardi Michel Platini a été réélu sans surprises, président de l’UEFA. Celui que l’on appelait familièrement Platoche est un peu le Ribéry des années 80. L’un des meneurs de jeu les plus brillants que la France n’ait jamais connu. Une reconversion exemplaire ensuite puisque avant de devenir le patron du foot européen, Platini a occupé le poste de sélectionneur des bleus. Un véritable conte de fées pour ce fils d’immigrés italiens.
Ce que Zidane et Platini ont réussi, restera probablement impossible pour Ribery et tant d’autres vitrines du ballon après lui. C’est cela à mon sens qu’il faut déplorer plutôt que de se contenter de tirer sur une pathétique ambulance !