Aux dernières nouvelles, Kevin Anin est maintenu à l’hôpital de Rouen dans un coma artificiel. L’information la plus récente remonte à 5 jours.
Le milieu de terrain de l’OGC Nice grièvement blessé dans un accident de la route souffre de multiples fractures. Sa colonne vertébrale touchée susciterait le plus d’inquiétudes. Le président niçois Jean Pierre Rivière accouru à son chevet a déclaré pudiquement que sa carrière de footballeur était mise pour longtemps entre parenthèses.
L’athlétique milieu de terrain (1m89 pour 80 kilos), formé au Havre, pourrait même rester paraplégique. Cette tragédie de la route frappe un gamin de 26 ans solide comme un roc…En apparence.
Je ne connais pas personnellement ce joueur mais je suis tombé par hasard (Mais le hasard existe-t-il vraiment ?) sur une interview récente qu’il avait accordée au magazine France Football. (Daté du 12 mars 2013). Il y évoquait déjà son parcours chaotique, dévoilait à mots couverts ses blessures intimes. Sa confession pudique témoigne du mal-être qui peut envahir un jeune sportif lorsqu’il est déraciné, en perte de repères.
Kevin a disparu des terrains pendant 5 mois. Dégoûté du football professionnel, des amitiés si particulières qu’il entretient. « Ils (tes faux amis) vivent chez toi, tu les nourris, tu leur donnes tout même ta carte bleue et derrière pour un vieux truc… » Celui à qui par commodité on a accolé l’étiquette de « Bad Boy » est en réalité un affectif torturé qui accepte assez mal la froideur des règles du jeu, une mise en concurrence qui n’a que faire des amitiés adolescentes. Kevin en déprime, se réfugie au Havre, la ville où il a grandi, se coupe du monde, parle de tout plaquer. »
Avant d’être pro, je me disais, je ne changerai jamais. C’est resté en moi et ça m’a desservi parce que je me suis mis des barrières mentales. »
Kevin a donc suivi une psychothérapie. Le staff niçois, conscient de son potentiel, lui a tendu la main. Kevin a retrouvé les terrains, la joie de jouer au ballon. Jusqu’à ce jour de juin, cette tragique sortie de route.
Le combat qui l’attend désormais est d’une toute autredimension. Kevin aura besoin de tout son vécu pourle remporter. De ses vrais amis surtout. Ses propos recueillis au mois de mars par Thomas Simon résonnent étrangement.
« Ils (mes vrais amis) auraient pu me dire que j’étais cuit pour le foot. Ils me répétaient que tout le monde était là pour moi. Ça m’a rassuré et moi les gens qui me donnent, je vais à la guerre pour eux. » Puis un peu plus loin. » Je suis croyant, je prie, ça aide aussi. Il y a des signes. J’ai une étoile sinon depuis longtemps, j’aurais pu… »
Une autre vie commence. Une renaissance douloureuse. Portée par d’autres valeurs, d’autres chaleurs. Kevin fera alors forcément le tri entre les relations superficielles et intéressées et les amitiés profondes. Il suffira que le temps passe, que l’oubli s’installe.
Il pourra alors, entouré des siens, commencer à se reconstruire.