Beaucoup plus qu’un club ! Assurément.
Les virtuoses du Barca ont interprêté hier soir dans le temple de Wembley l’une de leurs plus flamboyantes symphonies de celles qui appartiennent à jamais la légende du ballon et dont les amoureux du beau jeu et des beaux sentiments loueront encore longtemps la perfection.
Le football est un art lumineux lorsqu’il est pratiqué de la sorte. Passes courtes redoublées, ouvertures sublimes, dribbles déroutants dans un périmètre minuscule, souci permanent de privilégier le collectif.
Et pourtant au sein de la meilleure équipe du monde évoluent, Messi, Xavi, Villa et tant d’autres joyaux qui sous d’autres latitudes auraient sans doute été tentés par des partitions en solo.
En face il y avait Manchester uni dans son rôle de faire valoir, ses stars condamnées au chômage technique, à faire la claque, pour mieux accepter celle qui leur sera promise à la fin.
A la fin justement, le geste sublime de Pujol le capitaine emblématique du Barca qui offre son brassard à Abidal le miraculé, opéré il y a quelques semaines à peine d’une tumeur au foie. Abidal titulaire à la place de Pujol précisément.
Cette preuve forte d’affection dans un milieu professionnel si décrié par son egocentrisme par ailleurs nous réconcilie avec le football moderne et toutes ses dérives. Merci à Cryuff présent en tribunes d’avoir initié cette philosophie de jeu, merci à Guardiola de l’avoir perpétrée.
Merci à tous surtout pour cet instant de grâce jusqu’à l’explosion finale saluée par tout le peuple de Catalogne admiratif et reconnaissant.
Un seul regret cependant. Que les autorités locales aient jugé bon, juste avant le match de dégager par la force la jeunesse indignée qui campait depuis plusieurs jours « Plaça de la Catalunya » au cœur de la cité.
L’Espagne, reine du foot, est exsangue au plan économique.20% de chômeurs, près de la moitié des moins de 35 ans privée d’emploi.
Ce mouvement d’indignation dont l'ampleur échappe aux partis politiques traditionnels mérite une autre considération.
Les joueurs du Barca seraient bien inspirés de s’en émouvoir quand ils défileront dans les rues en liesse cet après midi. Ne serait ce que pour que leur sacre soit totalement partagé, que la classe dont ils ont fait preuve transpire en dehors des stades.
« Le foot c’est l’opium du peuple, ça endort la jeunesse. » Soupirait David un aide soignant qui participe à la lutte depuis le 15 mai (Témoignage rapporté par la Parisien). A rapprocher de la phrase culte attribuée à Arrigo Sacchi, l’entraîneur mythique du Milan AC. « Le football est la plus importante des choses secondaires. »