J’ai eu le bonheur de dîner en compagnie de Sandrine Testud, l’ancienne joueuse française professionnelle de tennis qui était parvenue, il y a quelques années, à la 9ème place du classement de la WTA. J'évoquais avec Sandrine, le président de la ligue d’Auvergne, et quelques autres convives, la performance à Roland Garros de Marion Bartoli native du Puy en Velay en Haute Loire, du plaisir que nous ressentions à découvrir au fil de ses succès, la personnalité attachante d’une championne que certains avaient un peu trop vite catalogué comme butée et caractérielle.
En écoutant Marion, épanouie, confier son grand bonheur aux médias rassemblés devant elle, nous prenions conscience du danger et des limites qu’il y avait à caricaturer celui qui se protège, qui est différent ou simplement éprouve quelque peine à communiquer. Au delà de la considération qu’une athlète de haut niveau doit faire preuve nécessairement de caractère, Marion profitait de cette fenêtre opportune pour s’afficher tel qu’elle était dans la réalité. Une jeune femme simple et touchante, une joueuse fragile qui ne pouvait s’épanouir loin de son entraîneur de père.
Et Sandrine de renchérir. » Il faut savoir ce que l’on veut. L’équipe de France de Fed Cup a besoin aujourd’hui d’une Marion au sommet de son art et si pour cela il faut que son père fasse partie du voyage et bien quelle importance ? »
La question n’est pas nouvelle. Il faut en l’occurrence savoir faire preuve de bon sens. Conserver la règle commune n’exclut pas l’exception pour la circonstance.
Au fil de la conversation, j’évoquais bientôt le silence exigé sur les courts dès que le jeu reprend et je faisais remarquer à Sandrine que dans tous les autres sports qui exigent pourtant autant de concentration, on ne demande jamais au public présent en tribunes de réfréner leurs encouragements.
Sandrine éclata de rire. « Si le joueur de tennis est perturbé par ce qui se passe autour de lui, je ne' donne pas cher de ses chances. Lorsque tu te trouves dans ta bulle, rien ne peut t’atteindre, tu n’entends des tribunes qu’un vague brouhaha. Tout cela n’est que convention. D’ailleurs l’US Open a bouleversé la règle en autorisant le public à bouger ou parler pendant les échanges. Cela n’a jamais empêché les champions de jouer leur meilleur tennis ! »
Sur ce point précis encore, subsistait une règle ancienne qui cherchait à signifier que le tennis était un sport de caste, pratiqué par des « Gentlemen « pour des « Gentlemen » Les temps fort heureusement avaient changé et du fond du court désormais rugissaient Sharapova ou Azarenka, les nouvelles reines. » J’ai souvent dans ma carrière eu l’occasion de jouer Seles. » Se souvenait encore Sandrine. » Je n’ai jamais été perturbée par ses hurlements. Je crois d’ailleurs que je ne les entendais même pas ! »
Au moment de formuler pour Roland et le tennis des souhaits d’agrandissement, il était peut être grand temps aussi d’en faire de même en ce qui concernait les mentalités. Car, que cela plaise ou non, le tennis est devenu un sport comme les autres, c'est-à-dire populaire au sens le plus noble du terme.