Impression mitigée après la diffusion du dossier sur la violence dans le football amateur ce dimanche à Stade 2.
Le décalage entre les images, les témoignages enregistrés et l’analyse des joueurs professionnels réunis dans la propriété de Rio Mavuba frisait l’indécence.
La veille dans la banlieue Est de Paris à l’occasion d’un tournoi de football comme il s’en organise des centaines chaque semaine, un jeune homme avait été poignardé par un joueur d’une équipe adverse mécontent d’avoir été expulsé du terrain par l’arbitre. Un fait divers heureusement exceptionnel qui illustrait des dérives, hélas de plus en plus ordinaires, dans le monde du football amateur.
Le dossier coordonné de longue date par Nicolas Vinoy n’en prenait que plus de force encore ! Des images terribles d’affrontement et de haine que les témoins et victimes interrogés expliquaient en partie par la démission des parents et les carences du système éducatif.
Il apparaissait désormais périlleux d’encadrer les équipes amateurs dans toutes les catégories d’âge. Il fallait même être masochiste ou inconscient pour embrasser la profession d’arbitre, de dirigeant ou de se proposer comme éducateur bénévole et officier à la base de la pyramide.
Au moment de la diffusion de ce document implacable, on faisait donc la fête chez Rio Mavuba. Pour la bonne cause, précisons le, puisqu’il s’agissait de lever des fonds pour la fondation du lillois qui finance des orphelinats au Congo.
Fabien Lévêque, notre envoyé spécial, avait donc pris au préalable la précaution de faire visionner ce reportage par les personnes susceptibles de témoigner en direct dans l’émission. Autour de Rio, se trouvaient Steve Mandanda, Adil Rami et Philippe Mexes notamment, autant de vedettes du foot identifiées par tous, qui auraient pu (du ?) en profiter pour monter au créneau et redonner un peu de ce qu’ils avaient reçu.
Au lieu d’un engagement clair, les téléspectateurs durent se contenter de quelques plates banalités. Adil Rami admit qu’il avait assisté à quelques débordements lorsqu’il évoluait encore à Fréjus. Rio Mavuba concéda que si les joueurs pro prenaient à l’orée de chaque saison quelques bonnes résolutions envers le corps arbitral, ils les oubliaient dès que la compétition était lancée.
A aucun moment l’un d’eux ne plaida coupable, exhorta les instances fédérales à prendre des mesures d’urgence pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Pourtant au cœur du dossier, tous les gamins interrogés avaient répondu par la négative à la question » L‘arbitre a-t-il toujours raison ? »
Une fois encore les joueurs devenus stars oubliaient leur devoir d’exemplarité, vis-à-vis de cette jeunesse qui les adulait les yeux brillants.
Quelques jours auparavant à Roland Garros, un titulaire à part entière chez les bleus était l’invité de France Télévisions. Un serveur, fan de football qui l’avait reconnu, lui demanda avec émotion quelle boisson lui ferait plaisir. Le footballeur ne répondit pas, ne le calcula même pas. C’est son agent qui intervint à sa place. » Vous servirez un café à Monsieur… » .
Le 20 juin, cela fera précisément une année que le bus de Knysna s’est immobilisé et que les bleus ont refusé d’en sortir. Qu’est ce qui a fondamentalement changé depuis ? Pas grand-chose apparemment.
Si au fait Patrice Evra a versé une partie de ses primes du mondial, 27000 euros à son club formateur le CO les Ulis. De quoi montrer la voie à suivre aux plus amnésiques. De quoi surtout financer des actions de prévention et d’éducation en faveur des plus jeunes, de ceux qui un jour prendront la relève si d’ici là la violence et la haine n’ont pas rendus caduques tous ces rêves d’adolescents.