La ligue 1 semble plus que jamais sous télé dépendance. Les 700 millions d’euros injectés chaque année par les détenteurs de droits financent plus de 50 % du budget des clubs. Le retrait annoncé d’Orange et la position quasi monopolistique dans laquelle risque de se retrouver Canal Plus constituent un casse tête majeur pour la ligue pro dans la perspective des renégociations des contrats d’exclusivité prévues en 2012. Le lancement à l’été de la chaîne de la ligue, C Foot, suffira t-elle à rééquilibrer le système ? Il est permis d’en douter.
L’augmentation considérable de la manne télévisuelle (quasiment multipliée par 4 en 15 ans) aura surtout bénéficié aux joueurs dont les salaires ont été tirés vers le haut pour contrecarrer la concurrence européenne et absorber la dérégulation du marché des transferts générée par l’arrêt Bosman (En vigueur depuis 1995). Le salaire moyen en ligue 1 s’affiche aujourd’hui autour de 50000 euros mensuels, ce qui condamne les clubs les moins fortunés à vendre leurs meilleurs éléments à l’étranger (L’exemple de Rami à Valence) particulièrement les plus jeunes issus des centres de formation (Comme Gueida Fofana transféré à 19 ans du Havre vers Aston Villa). Condition sine qua non pour ne pas se trouver dans le rouge et être rappelé à l’ordre par la vigilante DNCG.
Hélas la règle du jeu n’est pas la même pour tout le monde en Europe. L’endettement notoire de certains clubs phares autorise une dérive spéculative qui à tout moment peut conduire à l’effondrement brutal du marché. L’endettement global du football espagnol est ainsi estimé à 5 milliards d’euros. Les 11 millions d’euros annuels nets versé par le Real à Cristiano Ronaldo dans ce contexte illustrent assez bien l’in équité grandissante du système. Quel club français peut raisonnablement espérer attirer sans parler d’une star de ce calibre, ne serait ce qu’un attaquant de pointe d’envergure ?
Ajoutons à cela un déficit culturel patent qui s’accompagne d’un spectacle très inégal. On marque 2,3 buts par rencontre en ligue 1 contre 2,7 en Angleterre et 3,1 en Allemagne. Résultat les clubs de ligue 1 collectent trois fois moins de recettes guichet que leurs concurrents européens. Et le constat est le même en qui concerne le merchandising.
Quelle marge de manœuvre existe –il donc pour des présidents de clubs qui raisonnent aujourd’hui plus en chefs d’entreprises qu’en mécènes ? L’enceinte dans laquelle leur club évolue ne leur appartient même pas dans la grande majorité des cas. Difficile d’imaginer à moyen terme un retournement de tendance à moins que l’UEFA dans le cadre du fair play financier montre la volonté réelle d’imposer un code moral efficient ou que les états membres de la communauté européenne interviennent de manière plus dirigiste dans le contrôle des comptes des clubs évoluant sur leur territoire.
Dans le cas inverse une chose au moins est certaine. Aucun club français n’inscrira son nom avant longtemps au palmarès de la ligue des champions.