PASSE-MOI LE SEL

Disons-le sans ambages, la journée d’hier nous avait laissés sur notre faim. Bien sûr le décor était superbe mais les pistes en fin de journée furent monotones, larges, faciles.DSCF0912

Mais c’est une règle sur les recos : lorsqu’une journée se termine moyen-moyen, le lendemain est radieux.

5h. 0 degré. On émerge de nos tentes parquées dans une cour. On fait quelques pas et dans la pâleur du lever du jour le salar se dévoile. Face à nous, 17 000km2 d’un blanc d’une pureté absolue. Petit à petit le soleil s’invite et crée des ombres avec la complicité des montagnes qui bordent le lac de sel. On ne dit rien. On regarde.

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Sous nos pieds le sol est dur mais il ne faut pas s’y fier : les rives du lac sont souvent gorgées d’eau sous la croute apparente et le risque de s’engluer dans une mélasse de terre et de sel est réel. Voilà pourquoi le salar n’est accessible que par des digues éparses qui permettent d’entrer sur l’immensité blanche l’esprit tranquille.

 

A la caméra, Régis se régale. Jeux d’ombre et de lumière, travelings… Un petit bonheur qui passe…

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Plus loin, nous rencontrons un homme sans âge. Umberto Quecha Florès coupe et lisse des parpaings qui serviront à construire un hôtel-restaurant entièrement construit en sel. Extraites avec un mélange de terre une fois séchées                                                                            valent toutes les briques du monde.

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Plus loin encore, un personnage étrange, extra-terrestre. Il est couvert de la tête aux pieds, seules ses mains arthritiques sont visibles. Eduardo Riente se protège des reflets terribles du miroir blanc pour travailler de 9 heures au coucher du soleil. Le sel qu’il arrache est pur, instantanément comestible. On a goûté.DSCF0973

 

Pour survivre à ce labeur de bagnards, les deux hommes s’emplissent les joues de feuilles de coca, attendent les effets de la plante pendant trois-quarts d’heure et, seulement ce temps passé, se mettent à la besogne.

 

                                                                                                                                                                                                                    On a tout de même pas perdu la course de vue et d’oreille.

Etienne Lavigne, directeur du Dakar : «  Maintenant qu’on sait qu’il ne devrait pas pleuvoir quand on passera, on ne s’interdit pas de les faire rouler 100km au cap comme des voiliers de course sur cet océan blanc »

David Castera, directeur de course : « On a toute la souplesse pour faire un road-book à géométrie varianle. Trois solutions : un peu, beaucoup, ou pas du tout de salar. Tout dépendra de la pluie. On a des correspondants sur place, on va envoyer des équipes quelques jours en amont de la course ; cela nous permettra de choisir le tracé ad hoc ».

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Pour tout vous dire, plus la course roulera sur le salar, plus on aimera.

 Car la suite-et fin- de la spéciale est un peu monotone. 150km sur ddes pistes faciles avec quelques transitions caillouteuses, voilà tout. La spéciale est longue de 490km, le défi est lancé à l’endurance physique et mentale des pilotes et à leurs capacités à gérer leur monture dans cette interminable double étape avec escale à Uyuni.DSCF0977

Et encore… A l’arrivée du tronçon de course, il faudra patienter un peu au passage des deux postes douaniers sortis d’un western sud-américain avant d’entrer au Chili.

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                                                  Et puis rouler, 200km pour passer de l’altiplano (3600m) à Calama (2500m). Cette « marathon » va peser lourd dans les organismes. Et l’Atacama arrive… Nous y entrons demain. Des nouvelles pas avant deux jours, il paraît qu’on va camper.

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Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Non classé