Chuquicamata. J’adore ce nom. Pour les non-habitués de Calama, c’est le drôle de poumon de cette ville. Une mine de cuivre à ciel ouvert. La plus grande du monde. Un tiers de la production mondiale. 4000 employés. Et des milliers d’emplois dérivés.
Je vous parle de Chuquicamata parce que le départ de l’étape Calama-Iquique sera donné tout près du trou béant. En avant pour plus de 400km ! On va redécouvrir l’Atacama avec tout ce qu’il peut offrir comme terrains, un répertoire complet du rallye-raid.
Au début la piste est facile, elle se tortille dans les montagnes, on navigue à plus de 2500m, quand même. Castera aime bien les pistes faciles mais pas trop, alors nous voilà partis en hors-piste et on s’égare un brin. Le « track », c’est le nom du fil que nous suivons sur les gps. Il a été dessiné sur Google Earth et parcouru une première fois par Castera ou par des équipes locales de pré-reconnaissances, et il laisse parfois place à une relative improvisation. Lorsque cette ligne guide lui semble perdre une certaine forme de logique dans sa continuité, David Castera est capable de ne pas s’entêter. « On ne va pas les faire devenir dingues juste pour le plaisir. Si on peut contourner tel ou tel obstacle en simplifiant la trace initiale, on choisira toujours le plus évident ».
Pour juger de la complication il faut tout de même passer dessus ! Voilà pourquoi l’équipe des recos perd du temps sans jamais se perdre tout court. C’est le fondement même de ces reconnaissances finales : présenter une copie (le road book distribué aux concurrents) fluide et logique.
Retour sur la piste. Nous voilà dans un canyon. Le décor est splendide. La piste secoue les voitures, c’est étroit, ça tourne tout le temps, ce sera parfois tout juste pour les camions mais ça passera.
Après le canyon, piste large et roulante, ensuite un rio plein de cailloux et pour clore la matinée, nos roues sur la piste d’un Dakar passé… L’occasion de constater, à la trace, que les 300 véhicules (2 et 4 roues confondus) ont vraiment tendance à passer au même endroit quand il y a toute la place à droite ou gauche…
Après la pause pique-nique, on déroule l’alternance de pistes rapides, de rios défoncés ou de plaines caillouteuses et ravinées où il faut trouver le bon cap. « Ici, ils ne pas vont rigoler, dit Jean-Pierre Fontenay, mais au moins, ils peuvent faire leur route » Pas sûr, au vu des traces de ce matin que ça se passe comme ça, Jean-Pierre.
L’après-midi est belle. La piste présage de quelques belles parties de galère. On est même en avance sur le temps que l’on s’était imparti : plus de la moitié de la spéciale. Castera me dit : « C’est chouette, on va se faire un joli bivouac dans un rio. Et demain on aura de la marge pour attaquer la fin de l’étape ».
A ce moment, la voix de Patrick Juillet à la radio. Lui, il pilote la voiture qui transporte les pièces de rechange. Patrick sait tout réparer, absolument tout. « David ! Moteur ou turbo cassé, je m’arrête »
Demi-tour. Le temps de revenir sur lui, Patrick a fait un devis qui ne souffre aucune contestation : piston percé. Cette voiture ne terminera pas les reconnaissances.
La fin de journée est un peu morose. Castera tracte la voiture de Juillet. On installe le bivouac tout près de la Panaméricaine Sud et Patrick change un cardan sur la voiture de…Castera. « Le soufflet a un peu souffert, mieux vaut ne plus tenter le diable ». Patrick Juillet a raison, l’équipe n’a plus de joker.
A la veillée les sourires sont revenus. Demain matin l’équipe se scindera en deux et, comme d’habitude s’adaptera à la situation, pourtant pénible.