LE JOUR LE PLUS LONG

5 heures du matin. Tout le monde est debout. Le froid nous a chassés de nos tentes et la journée sort du schéma habituel des recos.DSCF1014

On plie le camp. Mais pas comme à l’habitude. Il faut répartir d’une façon différente dans les voitures. Seules celles de Castera et Fontenay vont continuer sur le track et poursuivre l’écriture du road-book. Toutes les pièces mécaniques de première urgence, la tente de travail, les tentes de vie et quelques autres bricoles très importantes passent de la voiture de Patrick Juillet aux deux véhicules encore « en course ». Régis et Adélaïde (notre consoeur d’Eurosport) embarquent avec Castera. Francisco Rometo (Argentin, membre de l’équipe d’organisation), qui coordonne le positionnement des forces de police locale sur le parcours, s’installe avec Jean-Pierre Fontenay et Jacky Dubois.DSCF1020

Avec les quatre autres membres de la troupe (Patrick, Alberto, Xavier et Luis Alberto), je prends la route d’Iquique. Notre voiture de tournage tracte la voiture de recos définitivement HS. Une longue partie de ficelle commence. Il y a 160 km pour rejoindre les rives du Pacifique.

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Trois heures plus tard, nous entrons dans Iquique. Il y eut quelques montées pénibles, une ou deux descentes périlleuses mais le trajet a été moins chaotique que prévu. Alberto et Patrick sont frigorifiés. Une voiture sans moteur est une voiture sans…chauffage. 2 degrés au départ, à peine 12 à l’arrivée, jamais ils n’ont été aussi heureux de trouver un café bien chaud une fois les voitures garées.DSCF1023

Le parking de l’hotel se transforme en atelier. La voiture « morte » est cannibalisée : ses pneus chaussent le pick-up, son groupe électrogène passe dans la benne ainsi que toutes les pièces mécaniques de rechange qui logeaient jusque là dans la voiture de Juillet. Deux heures de manutention plus tard le pick-up est prêt, armé pourrait-on dire à repartir à l’assaut des pistes.

Alberto et Xavier restent à Iquique. Nous remontons, Patrick, Luis Alberto et moi, sur le plateau dunaire qui surplombe Iquique. Luis Alberto Gomez est le correspondant du Dakar au Chili, aucune difficulté pour lui de nous poser sur la trajectoire de Castera et Fontenay qui attaquent à ce moment de la journée la partie finale de l’étape Calama-Iquique.

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Et ce n’est pas la partie la plus cool des 460km entamés la veille.

On est dans les dunes, donc. On commence à capter en radio les deux autres voitures ce qui signifie qu’ils ne sont pas loin. Un quart d’heure plus tard, ils sont à vue, nous prenons leur suite. Il est 15heures. La fin de journée va être très longue.

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Le massif de sable qui domine Iquique n’est pas infranchissable, mais les chausse-trappes y sont nombreux. De ces petits pièges sournois qui vous gâchent la vie après deux jours éreintants. David Castera se « pose » sur une crête de dune. A priori anecdotique. Un bon coup de sangle et on repart . Sauf que l’attache fixée au châssis ne résiste pas à l’effort demandé. Le crochet de la sangle de Fontenay arrache tout : plus d’attache avant, calendre très abîmée, il ne reste que l’attache arrière. Fontenay contourne la dune et sort la voiture de Castera du piège.

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Plus loin, David Castera sort du tracé initial pour trouver une « coupe » qui allègerait la fin du tracé pour les concurrents. Mal lui en prend : mauvaise marche arrière dans une cuvette, cette fois nous sommes salement « tankés »DSCF1047

On sort les pelles. On met la voiture sur cric. Et à quatre, nous brassons des kilos de sable pour dégager l’avant et l’arrière de la voiture. Une demi-heure de pelletage et un très gros coup de sangle plus tard la voiture se déventouse de ce trou. On a vraiment bien fait de réarmer la voiture de tournage…

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Les dix derniers kilomètres sont plus paisibles. On est toujours sur le sable mais le relief est moins prononcé. Au bout de la route : la descente d’Iquique. Ou plutôt une des descentes qui plongent sur la ville à 30, 40% de déclivité. Impressionnant mais réellement dangeureux pourvu que l’on respecte l’obstacle. Laisser la voiture descendre, ne pas freiner, garder les roues bien droites et tout se passe en douceur…DSCF1044

 

 

 

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                                                                                                                                                                                                                                                                                              De la douceur, les concurrents n’en goûteront guère dans cette étape. Ce sera long, brutal, sinueux, sablonneux, sableux ! Voilà 6 ans que nous suivons les reconnaissances Régis et moi. Et c’est bien la première fois que j’entends Castera prononcer ces mots : « Là, c’est vrai, on est fatigués »

 

 

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Non classé