DANGER 1

Il fait encore nuit à San Antonio de Los Cobres lorsque nous quittons notre « palace ». Nos hôtes ont remplacé le manque relatif de confort par une incroyable gentillesse. Nous avons même eu droit à un petit-déjeûner des plus complets à 4h30 du matin, essayez de trouver ça dans un 4 étoiles…

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C’est notre dernière journée de recos du Dakar 2015 . Nous quitterons l’équipe à la sortie de la spéciale numéro 10. Plus 3 ou 4 heures avant de « sortir » et de rejoindre Salta. Nous reprenons le fil de l’étape au départ de son deuxième tronçon après que les concurrents aient suivi une neutralisation d’une trentaine de kilomètres. Cette seconde partie sera moins variée que la première et somme toute, plus facile à négocier. La piste devient plus régulière en sa largeur et son « revêtement ».

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Les pilotes friands de conduite sur terre avec dérives et glissades incessantes vont se régaler. Le tracé propose de longues courbes et peu de grands dangers. J’en profite pour monter à bord de la voiture de Jean-Pierre Fontenay. Il a un nouveau co-pilote. Pablo Eli, argentin, la trentaine, a remplacé Jacky Dubois. Le rédacteur « historique » du road-book conservera sa place dans l’équipe d’ouverture, qui parcourt le tracé du rallye au mètres près deux jours avant le passage des concurrents pendant le rallye.
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« Evidemment, le fait que Pablo fasse le road-book à la place de Jacky modifie notre façon de travailler, m’explique le vainqueur du Dakar 1999. Pablo a un œil neuf et il a fallu que l’on s’apprivoise, tous les deux, bien qu’il soit dans l’équipe depuis trois ans maintenant. Humainement ça marche nickel, Pablo a un regard différent et la rédaction du road-book par l’un et sa vérification juste avant la course par l’autre est atout car les points de vue se complémenteront ».

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Je demande à Pablo quelle est sa mission principale dans son nouveau rôle. Il fait l’effort de me répondre en français : « L’idée numéro un est de redonner du sens au « Danger 1 ». Sur le road-book, il y a 3 niveaux d’alerte face à un obstacle sur la piste (Danger 1, 2 et 3). Et on s’est aperçus que les concurrents ne prêtaient quasiment plus attention au Danger 1 car il y en avait un peu trop à leur goût. Ma façon de faire, en écoutant Jean-Pierre bien sûr, est de mettre moins de ces fameux Dangers 1 sur les notes ; du coup, le road-book paraît un peu plus laxiste mais on espère que les équipages tiendront compte avec plus d’attention à cet avertissement de 1er niveau lorsqu’ils en trouveront un sur leur notes. Et puis ça les obligera à gérer davantage leur pilotage car il pourra arriver qu’ils n’aient pas de notes de Danger pendant plusieurs kilomètres ce qui ne signifie pas que la piste soit sans danger ».
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Laisser un peu plus de place au jugement des concurrents c’est donc leur laisser la liberté d’attaquer ou pas, mais aussi de prendre leurs responsabilités sur des tronçons où les notes se feront un peu plus rares qu’à l’habitude. A la vue d’un « Danger 1 » ils seront plus attentifs, c’est le projet du « nouveau » road-book. On saura vite si les concurrents sont satisfaits du petit guide que l’organisation leur livre à l’arrivée de chaque étape pour celle du lendemain...

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Notre conversation nous a emmenés jusqu'à l'arrivée de la spéciale autos. Nous avons dit au revoir à l'autre moitié de l'équipe 50km en amont. Eux sont allés terminer la partie moto de l'étape 10. Il y aura 7 étapes qui proposeront un parcours dissocié pour les motos et les autos. "C'est vraiment un truc que les motards apprécient, me dit castera en guise d'au revoir. Non seulement ils n'ont plus l'angoisse d'être frôlés par les voitures de tête en fin d'étape mais en plus, ça me permet de leur trouver des terrains de jeu intéressants !" Le sourire malicieux, que je connais si bien, de Castera en disait long sur les surprises qu'il réserve aux motos...

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Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Non classé