LA-HAUT

A 5h00 du matin dans le hall d’un hôtel de San Pedro de Atacama, ne soyez pas étonné de croiser 2 ou 3 douzaines de Japonais emmitouflés, en partance pour quelque tour vers l’un des spots qui encerclent la ville : Vallée de la lune, Geysers, Laguna Colorada. San Pedro est très, très touristique. On y vient -ce n’est pas un cliché- du monde entier car alentour, c’est un concentré de désert qui s’offre aux objectifs des visiteurs.DSCF1447

 

Comme prévu, nous partons à 5h30. Il fait nuit. Et cette fois-ci la barrière du bas de la montée du Paso de Jama est ouverte. Tout commence par une longue rampe de 20km qui monte en ligne droite jusqu’au pied du volcan Licancabur (5630m). Deux courbes et 25km plus loin, le Gps annonce 4500m. Les oreilles se bouchent, le mal de tête arrive et les moteurs s’essouflent. Nous avons grimpé 2000m en 45km, en tournant seulement deux fois le volant…DSCF1451

Encore un peu plus loin, on passe au point culminant de ce col qui n’en est pas un : 4800m, pourtant tout est plat autour de nous. Pas de lacets sur la route, quelques virages à peine serrés, nous roulons sur une immense plaine d’altitude : l’altiplano, majestueux, qui nous ouvre ses lacs encore partiellement gelés et ses montagnes-volcans au fond d’un décor fabuleux. Deux heures plus loin, arrivée à la frontière, on est à 4100m, il fait –5, le vent est glacé. On se doute que ça va être un peu long, les douaniers argentins vont atteindre des sommets de chipotage administratif. 4 heures ! 4 heures d’attente interminable avec épluchage de tous les documents affairant aux véhicules et une fouille méticuleusissime des dits véhicules. Pendant ce temps-là, 12 motards brésiliens sont passés en deux coups de tampons et 20 minutes…

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Au lieu d’être au départ de la spéciale à dix heures nous y pique-niquerons à 14h, à la sortie d’un village dont je tais le nom, secret de tracé oblige… Seul indice : nous sommes sur la latitude du Tropique du Capricorne et on est « redescendus » à 3600m.
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Avant de repartir , je jette un œil sur le track : on va beaucoup rouler sur la mythique Ruta40 argentine. «  Le truc, c’est que des Routes 40, y’en a un peu partout ici, sourit Castera. Tu as les ex-Ruta40, LA Ruta40 et les Ruta40 en construction… ». Donc ne pas se fier à la nomenclature cartographique et profiter du paysage. On ne sera pas déçus. Un canyon, des traversées de gués, une montée empierrée, une descente de col, une piste large et rapide le long d’un lac d’altitude, et encore un canyon.
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Les noms des lieux alentour sont plein de poésie : Quichagua, Riconondillas, laguna Guyatayoc, Cochinoca… Fontenay apprécie : « Non, en matière de pilotage, ce n’est pas ce qu’il y a de plus compliqué, mais le décor est somptueux et il y a quand même de quoi se mettre à la faute par excès de confiance. T’es à fond pendant 10/15 minutes et soudain ça devient cassant, tortueux à souhait, et en plus le précipice est tout près… Y’a des endroits, si tu sors, c’est terminé ».

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J’ajoute qu’il faudra être attentif à la navigation car il y en a peu : par expérience, on sait que ces étapes au road-book « facile » génèrent parfois de gros errements aux 2 ou 3 points névralgiques de bifurcations subtiles…
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A cause de nos contrariétés douanières matinales, nous ne terminons pas l’étape 10 en une seule journée. Encore 150km demain matin. Nous allons dormir à San Antonio de Los Cobres, un pueblo d’un millier d’habitant. Notre « hotel » est typique altiplano : chambre de deux à quatre personnes, genre monacale et à table, les pâtes sont servies dans des bassines en plastique…

Publié par Jean-Francois Kerckaert / Catégories : Non classé