La liaison Jujuy-La Quiaca (ville frontière argentine avec la Bolivie) sera sûrement un moment d’émerveillement pour les concurrents. En mode balade, ils profiteront des paysages fabuleux qui mènent vers l’altiplano bolivien. Un festival de couleurs de roches, de lumières ahurissantes.

Passée (sans encombres) la frontière, nous croisons sur notre route un troupeau de lamas. Rien d’original. Nous nous sommes arrêtés pour filmer un passage des voitures. Dans le fossé, le long de la piste, un bébé lama à peine né éprouve les pires difficultés à se mettre sur ses pattes.

Craintive, sa mère s’est éloignée à notre arrivée et le petit, instinctivement s’accroche à la première grande ombre qui passe. Il se colle à Régis tout d’abord, il essaie de se glisser sous la voiture ensuite, la confondant avec ce qui, à ses yeux à peine ouverts, devrait être sa mère. Nous éloignons l’auto pour laisser de l’espace à la maman. La voilà rassurée, elle appelle son petit en s’approchant de lui et tout rentre dans l’ordre : nous les regardons s’éloigner dans la plaine.

Plus loin, la trace tombe vers un rio très large que nous longeons par une piste escarpée à souhait, très étroite, très sinueuse. Un régal de pilotage. Problème : il y a des dizaines de minuscules hameaux à traverser qui sont autant de zones de ralentissement imposée aux concurrents. Et manifestement, il serait dangereux d’y faire passer les camions même à faible vitesse. « Ils risquent d’abîmer tout même en passant à 30 à l’heure, remarque Patrick Juillet, mécano et expert en matière de poids lourds ».

Lavigne : « A la base, les Boliviens souhaitaient que l’on évite le rio mais par le chemin qui surplombe, ce sera bien pire. On est évidemment pas là pour détériorer les pueblos des paysans, on va essayer de solutionner le problème. Francesco va appeler quelqu’un au ministère de l’agriculture bolivien ». Francesco Romero, Argentin, est responsable logistique et sécurité de l’équipée des recos. Au milieu de rien, il trouve un bout de réseau téléphonique, expose le problème et obtient l’accord des autorités de passer par le large lit de la rivière. « Ils ont bien compris que ce serait plus simple, et les paysans avec qui je viens de discuter ne voient pas d’inconvénient au passage du rallye car il y a toute la place pour passer sans tout défoncer d’après eux, me dit Francesco soulagé. »

On enchaînera dans des paysages de flèches de roches rouges, vertes, ocres, blondes. On dormira dans une ville qu’Etienne me demande de tenir secrète pour le moment, cela donnerait trop d’infos aux copilotes affamés d’indications…routières.

Je m’autoriserai tout de même à prévenir les équipages : ce sera tourmenté et gare aux sorties de piste ! C’est la mi-parcours de la spéciale N°5. Demain, changement radical de terrain.