« 250 km, ce n’est ni trop, ni trop peu, c’est juste bien ». Marc Coma, nouveau directeur de course, vous regarde toujours droit dans les yeux, en souriant. Pilote il était déjà comme ça, dans la défaite et dans la victoire : sincère et souriant. Alors on a tendance à le croire lorsqu’il dit que la première spéciale est équilibrée en matière de longueur, de pilotage et de difficultés. « C’est sûr, tu ne vas pas t’attendre à voir des écarts incroyables dès le premier jour mais tu verras : les moins bien préparés vont souffrir et pour les autres ce sera un échauffement assez copieux ». Tout est dit, en français car Coma se fait un devoir de s’exprimer dans la langue de celui qui l’interroge et c’est tout à son image : celle d’un type élégant, bien élevé et très réservé, même un peu trop pour l’instant...
Six fois champion du monde de Rallye-Raid, cinq fois vainqueur du Dakar, Coma qui succède à David Castera n’est pas le genre à mettre son cv de super champion en avant. Sur ces recos, on voit bien qu’il est en position d’observateur. Son humilité naturelle l’engage à ne donner son avis que si on le lui demande. Et quand on lui demande, on l’écoute…
Alors lorsque Marc Coma me dit que la première spéciale est « juste bien ». Je lui fais confiance. Et lorsque Jean-Pierre Fontenay, pilote ouvreur, autre vainqueur du Dakar (1999, en auto) me dit en d’autres mots la même chose : « Il faut changer trois fois le logiciel de pilotage. Aller vite, négocier de longues courbes et se dépêtrer de parties super sinueuses. Donc, personne ne va gagner le Dakar le premier jour mais il y a déjà tout ce qu’il faut pour le perdre », je le crois tout autant.
Ce matin, après avoir bouclé les trente derniers km de la SS1 nous sommes partis au Nord de Villa Carlos Paz pour entrer à midi dans la spéciale numéro deux. Ce soir nous en sommes au km 180. Nous avons traversés des « territoires » connus du Dakar version sud américaine : pistes de virages incessants dans les collines et une bonne quinzaine de gués. Quelques parties nous ont surpris et notamment deux lignes droites-mais oui !-, l’une rapide et dangereuse car bourrée de dangers invisibles de loin et l’autre pénible : vieux chemin agricole abandonné où les herbes hautes masquent des ornières dignes d’être qualifiées de tranchées.
Et puisque Coma, le directeur sportif et Tiziano Siviero, n’ont pas l’intention de lisser cette deuxième ligne droite à coup de bulldozers pour faciliter la tâche aux concurrents, la première partie de la SS2 risque de ne pas divertir tout le monde.