Arrivée du Grand Chef ce matin. Etienne Lavigne débarque de Paris via Salta. Les retrouvailles avec l’équipe sont chaleureuses mais on ne perd pas de temps pour autant. Les voitures sont chargées rapidement, on repart à l’attaque de la Puna.
Le décor est toujours aussi sublime. La pureté de l’air donne une profondeur incroyable aux reliefs qui nous entourent. Où que se porte le regard, la lumière, les couleurs sont un émerveillement. Et puis il y a le silence. Incroyable. Un silence absolu que l’on ne peut trouver qu’ici, lorsque le vent ne souffle pas. C’est le cas ce matin et c’est un moment de calme presque étrange. Magique.
On reprend le travail. Tiziano Siviero nous rejoint après avoir modifié légèrement un morceau du tronçon reconnu hier. La deuxième partie de la spéciale N°4 va s’avérer plus variée et donc plus difficile à négocier pour les concurrents.
Dans le désordre : des secteurs sinueux, caillouteux, du très rapide mais avec des woops que l’on ne voit arriver qu’au dernier moment, des lignes droites sablonneuses, des lignes droites avec de très violentes cuvettes capables de vous projeter bien loin, avec plus ou moins de chances de retomber sur vos roues…
Il y aura même un tout petit passage de dunettes dans lequel quelques pas-doués trouveront bien le moyen de s’ensabler un petit quart d’heure…
A propos des successions de lignes droites proposées ça et là aux concurrents, je m’enquiers auprès de Jean-Pierre Fontenay de l’éventuel ennui qu’elles peuvent générer pour celui qui pilote. « Tu sais, dans une ligne droite le principe est quand même de maintenir le véhicule sur la piste, me répond dans un sourire le vainqueur du Dakar 99. Sérieusement, avec nos voitures on ne va pas si vite, donc il est assez facile de garder une trajectoire et une stabilité correctes. Mais les concurrents, eux, font la course et ils sont au maximum dans ces lignes droites. Autos ou motos, sur ces pistes sablonneuses ou gravillonneuses, se mettent à bouger, à flotter et il y a du boulot pour maintenir le cap, crois-moi ». Rien de reposant dans les lignes droites de la boucle Jujuy-Jujuy, donc.
Rien de reposant non plus pour les moteurs qui souffriront de l’altitude. Pour preuve : en milieu d’après-midi, la voiture de Tiziano, qui ouvre la trace, devient poussive. On croit d’abord aux effets néfastes du manque d’oxygène. Le diagnostic de Patrick Juillet annonce une panne plus lourde : turbo cassé. Preuve que les mécaniques, même pendant les reconnaissances sont lourdement éprouvées. Retour dans la vallée pour un changement express du turbo défunt : 2h30 de manut’ ! Les connaisseurs apprécieront. Patrick Juillet et Martin Santorsola (le mécano argentin de l’équipe) ont fait du super boulot.
Pendant ce temps on évoque l’étape avec le patron : « Ce sera éprouvant car c’est la première des quatre étapes à plus de 3000m, souligne Lavigne. Et au départ de cette boucle, ils auront en tête que les assistances ne seront plus là à leur arrivée à Jujuy. Cette première partie de l’étape marathon n’est pas insurmontable mais il y a matière à y laisser du temps. A eux d’être malins..."