Par Nicolas Cotten
Fabien Lévêque, journaliste de la rédaction des sports de France Télévisions depuis 2003, suit l’actualité du football pour les magazines : Stade 2 et Tout le Sport. Depuis 2008, il est associé à Xavier Gravelaine pour commenter les matchs de la Coupe de France de Football, la Coupe de la Ligue, et la FA Cup sur les antennes de France 2, France 3, et France 4. Il donne son avis à mediasportamateur.fr sur le football féminin :
Sa rencontre avec le football féminin :
‘Un de mes premiers reportages pour Stade 2 était sur le football féminin. C’était en 2003, l’équipe de France féminine jouait un match amical contre la Chine à Marmande. Je suis resté sur une bonne impression. C’était agréable à regarder et les filles pratiquaient un bon football. J’avais notamment interviewé à la fin, le sélectionneur de l’époque, Élisabeth Loisel ».
La comparaison avec le football masculin :
« Cela existera toujours. Il y aura toujours des gens pour dévaloriser le football féminin par rapport au football masculin. C’est vrai que les gens restent sur des préjugés que le football est avant tout sport d’hommes. Mais je pense qu’en ce moment les filles sont en train de montrer qu’elles sont capables de gagner l’intérêt de tout le monde. Que enormement de personnes peuvent prêter attention à leurs performances. Je pense que la prochaine coupe du Monde en Allemagne en 2011 peut être un tournant pour le football féminin en France. Le football féminin se développera si nous avons une équipe de France qui gagne. Qui est capable de se distinguer sur de grandes compétitions. Cela peut être un déclic supplémentaire. Si l’équipe de France est capable d’aller très loin et pourquoi se hisser dans le dernier carré de la compétition. Cela peut être un déclic et accroitre l’intérêt des français pour le football féminin ».
La médiatisation du football féminin sur France 2 :
« On essaye. On a parlé il n’y pas longtemps de l’équipe de France à travers son ambassadrice qu’est Adriana Karambeu. Qui va essayer de développer l’image du football féminin. Adriana va prêter son nom pour une campagne de promotion pour développer le football féminin en France. On est à 65 000 licenciées en ce moment et d’atteindre d’ici 2012 100 000 licenciées. Le vrai gros chantier, c’est gagner du terrain au niveau des licenciées. Après les choses ne peuvent pas se faire à l’envers. C’est-à-dire que l’on ne peut pas demander à des grandes chaines nationales d’exposer un sport qui draine très peu de licenciées. Quand on aura passé le cap des 100 000, cela commencera à devenir intéressant. Cela peut évoluer mais pour l’instant c’est trop tôt »
« Le choix des chaines aujourd’hui répondent toutes à une logique économique. On est toujours livré au barème fatidique de l’audience. On a un exemple concret avec le Championnat de France de Basket Pro A. On le faisait énormément avant il y a une quinzaine d’années. On le présentait le samedi après-midi, cela faisait 25% de parts de marchés. Aujourd’hui, il y a encore deux ans, on a diffusé la finale du Championnat de France en direct à Bercy, cela avait fait 6 ou 7% de parts de marchés. Cela veut dire que l’intérêt des gens a énormément changé. Les grandes chaines se concentrent malheureusement sur les sports qui vont générer un peu d’audience et qui vont amener du monde sur les antennes. Quelques images et des résultats cela pourrait se faire mais aujourd’hui le championnat de France de football féminin n’est retransmis par personne. Il n’y pas de moyens. Par exemple La Ligue, pour les images de Ligue 2, les mets à disposition des chaines. Ce qui n’est pas le cas encore du championnat de France de football féminin. Je pense qu’il faudra passer par une étape intermédiaire pour la médiatisation. Commencer par des chaines comme Eurosport ou Ma Chaine Sport ou une chaine du câble qui pourrait lancer une dynamique autour de la diffusion du football féminin. Donc on ne peut pas demander du jour au lendemain aux grandes chaines nationales de diffuser du foot féminin alors que cela était complètement inexistant auparavant. C’est inenvisageable malheureusement. »
Développer le football féminin :
« Il faudrait. Je pense qu’il y a un travail sur le marketing à faire. Mieux vendre l’image du foot féminin. Il y a un vrai travail en profondeur à faire mais qui va aussi prendre du temps. C’est un travail sur le long terme qui doit être fait. Avec une vraie réflexion, une vraie stratégie de marketing, un vrai plan de communication. Par exemple ce que fait la Fédération Française de Football avec Adriana Karembeu, c’est un bon coup de projecteur. Mais je pense que malheureusement c’est un peu un écran de fumée de procéder de la sorte en utilisant Adriana Karembeu pour vendre l’image du football féminin. Je pense que ce n’est pas très crédible. Je pense qu’il y a une autre piste à creuser. C’est de se servir aussi du foot masculin pour développer le football féminin. Lors des finales au Stade de France, imaginer des levers de rideaux avec du foot féminin. Je pense que les deux football peuvent cohabiter. Cela pourrait mettre en lumière le foot féminin. Le foot masculin peut contribuer à tout cela. Pourquoi pas que des grandes équipes du football français lancent une vraie équipe de foot féminin en suivant l’exemple de Lyon, Paris ou de Montpellier. Je trouve cela intéressant que l’OM le fasse. Marseille, c’est le plus grand nom du football français. Je pense que créer une équipe féminin là-bas peut avoir des vraies répercussions et donner un coup de boost au football féminin ».
Lyon, la locomotive du championnat :
« Le projet est plus mur à Lyon même si Juvisy est là depuis plus longtemps. Lyon a mis à disposition des moyens qu’aucun notre club français n’a au niveau du foot féminin. Pour la Ligue des Champions, elles utilisent l’avion privé de Jean-Michel Aulas. Cela montre à Lyon qu’il y a une volonté de faire quelque chose de bien et de remporter cette ligue des Champions dès cette année. Elles étaient finalistes l’année dernière. L’objectif qui est avoué par les coéquipières de Camille Abily, c’est d’aller chercher le titre de Championnes d’Europe. Ce serait une très bonne chose si elles y parvenaient »