Avant d’attaquer le Mont-Blanc (sans crème) et ses pentes copieuses, le peloton s’offre une deuxième journée de repos après celle du lendemain d’Andorre-Arcalis. Mais qui dit repos dit vélo. Pas question d’y couper, sauf à risquer un redémarrage problématique mercredi. Le vélo est un sport d’habitude. Les hommes ne sont pas des machines (encore que…), mais ils doivent se machiner. Comprenez que les muscles doivent travailler, moins fort certes que les jours de course, mais travailler tout de même. Il est question de « détoxiner », un mot prisé par le milieu cycliste pour dire qu’un coureur doit faire baisser son taux de toxines. Et pour ce faire, rien de tel qu’une pédalée en douceur, sans « taper dans le dur », histoire de transpirer, de se dérouiller, de garder la cadence, de répéter le geste qui sauve... Les cyclistes métabolisent les kilomètres de bitume comme une drogue. Ils ont besoin de leur dose. Elle fait partie de leur équilibre et de leur bien-être. Ils n’auront pas trop de cette journée pour recharger les accus et « refaire du jus ». La chaleur les a asséchés. La domination de Froome et des Sky a quelque peu assommé la troupe. Seul Peter Sagan, Peter Pan version rock’en roll, sait conjuguer les expressions se mettre au vert et voir la vie en vert. Le slovaque, quand il vaque à ses opérations, ne connaît pas le slow… On ne serait pas surpris qu’en guise de repos, il s’offre des sprints échevelés rien que pour rigoler.
Eric Fottorino