Les championnes inconnues

Qui se souvient seulement que la France est vice championne du monde de handball féminin ? Les bleues étaient revenues l’an passé de Chine incognito, leur médaille d’argent autour du cou. Elles ont à partir d’aujourd’hui l’occasion de se rappeler au bon souvenir des amnésiques puisque elles débutent leur championnat d’Europe en défiant à Lillehammer la Norvège, triple championne d’Europe.

France-Norvège. L’affiche sublimée de la finale du mondial 1999. Un exploit retentissant et en même temps l’un des contre-pieds les plus inattendus en matière d’audience télévisée. J’ai eu la chance de commenter sur France 2 cette partie dantesque. Deux prolongations et à la fin une victoire sur le fil des scandinaves. Je me souviens que pendant toute la rencontre, Patrick Chêne, alors patron du service des sports ne cessait de me transmettre son angoisse dans mon casque depuis la régie à Paris. » Rappelle bien aux téléspectateurs qu’il s’agit de la finale des championnats du monde ! » C’était un dimanche à 19 heures dans la tranche dite d’Access prime time, l’heure à laquelle les gens rentrent de week end et se précipitent sur leur poste. Il était vital de canaliser les flux d’entrées pour ne pas boire la tasse. Pour la chaîne ce fut de l’argent content. Le hold up de l’année. Une divine surprise révélée le lendemain vers 9 heures lorsque tomba le verdict couperet de l’audimat. L’incroyable scénario de la rencontre, l’appétit féroce avec lequel les bleues s’étaient battues jusqu’aux bout des leurs forces avaient captivé la France entière.10 millions de téléspectateurs en moyenne avec une pointe à 12 millions en fin de rencontre.

Ce carton d’audience ne servit pas plus que cela la cause du handball, sport de hangar, à vocation essentiellement scolaire et universitaire, pas plus d’ailleurs que celle du sport féminin. Les filles d’Olivier Krumbholtz se retrouvèrent confrontées à une double impasse. En dehors du foot et des grands évènements planétaires, les retransmissions sportives ne font guère frémir l’audimat. Le milieu du sport en outre demeure incroyablement machiste. Prenez l’exemple d’Amélie Cazé, triple championne du monde de pentathlon moderne. Combien de confrères seraient seulement capables de l’identifier sur une photo ? A quelle place Amélie se classera t-elle lors du traditionnel  bilan de fin d’année ? La prestigieuse «  United States Sports Academy » a pourtant retenu sa condidature parmi les douze jeunes femmes sélectionnées pour le titre d’athlète mondiale de l’année !

A l’instar d’Amélie, Les filles du hand risquent fort encore une fois de jouer leur championnat pour du beurre et leur leader Allison Pineau de rester scandaleusement anonyme. N’a-t-elle pas été désignée pourtant l’année passée par un jury d’experts, meilleure joueuse de handball du monde ?

Publié par pmontel / Catégories : Handball