Le rugby français a-t-il besoin d'une star ?

Marc Lievremont,  le sélectionneur national, cultive l’art du brouillage de cartes. L’équipe de départ alignée samedi contre l’Ecosse pose débat tant certains joueurs sont titularisés à des postes inhabituels et d’autres simplement ignorés. Est-ce la signature d’un habile manœuvrier ou  celle d’un homme perdu dans un tunnel privé de lumière ? Traille à l’arrière, Rougerie au centre, Clerc, Poitrenaud et Chabal confinés sur le banc. Plus de 80 joueurs consommés en trois années et demie de règne !

Les critiques à l’encontre du sélectionneur  pleuvent sur facebook. Lievremont serait à les croire de plus en plus isolé, incapable de mettre en place un système cohérent,  de s’en tenir à une philosophie de jeu.
Et si la vérité comme souvent se situait ailleurs ? Si Marc Lievremont  par ce gigantesque « Turn Over » souhaitait simplement rappeler les fondamentaux du rugby. A savoir que la victoire se construit  d’abord grâce au huit de devant dans un effort rigoureusement collectif.

Or la médiatisation d’un sport, dont la pratique était jadis cantonnée au sud de la Loire, exige justement l’inverse,  l’émergence de « Stars », de vitrines aguicheuses devant lesquelles les pékins salivent et les sponsors accourent. Et le rugby par culture en manque cruellement. Combien de fois avons-nous recueilli les explications gênées de celui que les téléspectateurs venaient d’élire «  Talent d’or » de la rencontre ? «  Oh vous savez, je n’ai aucun mérite particulier, le rugby c’est avant tout une équipe ! »
En consultant le dossier consacré par le Parisien au phénomène Chabal, on constate que les temps ont changé indéniablement. La France du rugby s’est trouvé une locomotive bankable. Un homme des cavernes expert en placages destructeurs,  qui génère aujourd’hui une économie prospère, 1,5 millions d’euros de contrats annuels publicitaires auquel il faut ajouter un salaire annuel de 400000 euros.
Celui que l’on compare à un Jésus Christ aurait-il pour cela vendu son âme au diable ? Non si l’on en croit le témoignage de Jean Pierre Rives, le casque d’or , icône des années Couderc.

«  Il (Chabal) se comporte toujours en équipier de façon linéaire et ne déroge pas à ça (La culture rugby) » Et plus loin Rives  de conclure par l’essentiel. » Le rugby propose quelque chose où il faut se lier. Ce jeu fédère une tribu avec ses codes et quelques principes qui sont respectés. »
Tant que cette définition collera au jeu de rugby, Marc Liévremont aura sa place à la tête du quinze de France. Quant aux  adorateurs d’icônes et aux collectionneurs de vignettes, il devront encore patienter un peu.
 

Publié par pmontel / Catégories : Rugby