Se préoccupe t-on seulement de la santé des joueurs ?

Jonny Wilkinson est attendu jeudi à Toulon pour reprendre l’entraînement avec son club. Bernard Laporte son nouveau coach n’exclut pas d’aligner son demi d’ouverture vedette,  samedi à Mayol pour la venue de Perpignan.

Pas de répit pour  les mondialistes qui après avoir essoré le maillot national doivent se retrousser les manches et se mettre sans tarder  au service de leur employeur. La professionnalisation  du rugby ne laisse guère de plages pour la récupération  et  génère  des cadences de plus en plus infernales.

On se demande alors si les mieux lotis ne sont pas ceux qui se sont blessés en Nouvelle Zélande (pas trop gravement toutefois) et qui par la force des choses disposeront  du temps nécessaire pour régénérer leur corps. 

Il parait par ailleurs que le conseil de l’IRB, l’organisation qui préside aux destinées du rugby, réfléchit à raccourcir de 7 à 5 semaines la durée de l’épreuve reine. Le critère d’universalité mis en exergue actuellement se trouve en effet être en porte à faux avec le strict intérêt sportif. 

 Pour l'heure, deux phases distinctes coexistent laborieusement. La première où en dehors de rares occasions les grosses cylindrées déroulent et la deuxième phase couperet où la compétition bascule sur un coup de dés. 

L’Afrique de Sud tenante du titre a payé le prix fort en dominant outrageusement l’Australie en quart sans parvenir toutefois  à s’imposer. Du coup les Boks sont rentrés prématurément à la maison  alors que de l’avis de nombreux de spécialistes, ils disposaient de la meilleure équipe dans ce tournoi. 

Mais même si un changement est décrété dans le futur calendrier de la coupe du monde, les cadences ne mollieront pas pour autant. Les grosses écuries ont en effet  besoin de toujours plus de rencontres pour augmenter leurs recettes et nourrir un  modèle économique toujours plus gourmand.

 La tentation est forte alors pour les joueurs  de tricher pour encaisser physiquement cette escalade. Un chercheur sud africain cité dans un article du Monde daté du 8 octobre dernier,  souligne qu’un rugbyman pro a à peine 4% de chances d’être contrôlé à chaque rencontre et qu’il lui  en coûte environ 30000  euros par an pour acquérir les produits derniers cri réputés indécelables.

Un raisonnement à très court terme qui peut mettre en péril l’avenir de ceux qui ne sont encore pour la plupart que des gamins .

Parmi les « Invictus » sud africains sacrés champions du monde en 1995, un est décédé d’une tumeur au cerveau et deux autres  sont cloués dans un fauteuil roulant. Tous les trois atteints avant l’âge de 40 ans  par des maladies rares dont l’évolution ne leur autorise guère d’espoir.

Evidemment il est impossible de mesurer avec certitude l’impact sur ses santés défaillantes de l'éventuelle  prise de produits dopants puisque comme dans les autres disciplines sportives, l’omerta est de rigueur .

Mais on doit une nouvelle fois constater que le sportif de haut niveau, érigé au rang de héros national le temps d’une campagne, ne pèse pas lourd ensuite en comparaison des enjeux économiques et politiques  qu’il défend malheureusement la plupart du temps à ses dépends.

Publié par pmontel / Catégories : Rugby