Voici quatre années que les élites tricolores échouent à la porte du top 16 qui réunit le gotha du basket européen. Cette année encore Cholet a été éliminé prématurément de la compétition reine et sur les 8 formations engagées au départ sur la scène continentale, seule Gravelines est encore vivant. Le basket hexagonal se meurt dans l’indifférence la plus totale.
Qui en dehors des mordus de basket est aujourd’hui en mesure de citer le cinq de départ de l’équipe championne de France ou ne serait ce seulement que son leader charismatique ? L’hebdomadaire « Maxi Basket » par nostalgie sans doute d’une époque révolue a eu la bonne idée de remonter 20 ans en arrière lorsque la balle orange se taillait la part belle sur les antennes du service public. Une dizaine de matches de championnat diffusés le samedi après midi et autant en deuxième partie de soirée pour ce qui concernait les joutes européennes. Les stars françaises s’appelaient Dacoury, Bonato, Gadou ou Ostrowski. Limoges et Pau se disputaient rageusement le leadership national. Les audiences convenables à l’époque (1,5 millions en moyenne) feraient hurler de joie n’importe quel programmateur aujourd’hui.
Car ils sont 100000 irréductibles à peine à suivre le feuilleton du championnat sur Sport Plus. A qui la faute ? Pour quelle raison ce sport éminemment spectaculaire dans une salle n’est-il pas parvenu à l’âge d’or télévisuel ? Dans les années 90, j’ai été chargé de prendre la succession aux commentaires du tandem »Père-Chêne » et bien sûr je me suis moult fois posé la question. Le basket sur le papier avait tous les atouts, bien avant le rugby, pour devenir le digne dauphin du football.
Michael Jordan ralliait tous les suffrages auprès des jeunes. La dream team avait éclaboussé les jeux de Barcelone. Les play ground envahissaient le béton gris des cités. Le 21ème siècle sportif serait basket ou ne serait pas, professaient les experts. Et pourtant quelque chose grippait la machine. Le grand public en dehors des finales rechignait à transformer l’essai. On envisagea toutes les hypothèses pour accélérer le tempo des retransmissions. Trop de points marqués au cours d’une rencontre ? On pensa sérieusement un moment à diffuser deux deuxièmes mi-temps ! Pas assez de « Show Time » ? On organisa un concours de dunks à chaque temps mort. Rien n’y fit et peu à peu le basket disparu des antennes hertziennes. La dernière finale du championnat diffusée en catimini à l’heure du déjeuner fit même un bide d’audience retentissant.
Alors pourquoi ? La situation dramatique dans laquelle le basket français est désormais englué fournit quelques pistes naguère ignorées. Le poids exorbitant des mercenaires qui se vendent de clubs en clubs au gré des contrats. A l’époque déjà, il était difficile d’intégrer durablement les deux joueurs américains qui faisaient souvent la différence sur un parquet. Aujourd’hui ils ne sont plus 2 mais 5 ou 6 dans chaque équipe à pouvoir circuler de la sorte, sans préavis ni état d’âme. L’arrêt Bosman a , de fait, transformé la France en un territoire de seconde zone pour l’économie du Basket.
Les meilleurs joueurs français s’exportent désormais. Ils constituent aujourd’hui le contingent le plus élevé en NBA derrière les USA. Les autres joueurs en attendant la draft se partagent les miettes dans un championnat de moins en moins compétitif au plan européen. « On manque de talents ! » Confesse Frederic Forte le président de Limoges dans les colonnes du quotidien l’Equipe.
Le même Fred alors meneur de jeu du CSP qui en interceptant un ballon de Kukoc offrit à Limoges la couronne européenne face à Trévise. C’était en 1993 en prime time sur Antenne 2, devant des millions de téléspectateurs. C’était hier et en même temps à des années lumière !