Si les propos rapportés par le site médiapart ont bien été tenus lors d’une réunion organisée en novembre dernier dans les locaux de la FFF, ils relèvent hélas du racisme larvé et ordinaire qui désormais plombe notre quotidien.
Le fameux « Dire tout haut ce que tant par ailleurs pensent tout bas ! » n’est même pas à l’ordre du jour puisqu’en l’espèce cette conversation, qui devait rester confidentielle, a été manifestement enregistrée par un tiers à l’insu des orateurs eux-mêmes. Ce procédé très discutable par ailleurs, mais désormais courant rendu possible par les progrès technologiques devrait inciter nos responsables à une plus grande retenue.
Le poids des mots prononcés par des hommes si haut placés et par ailleurs rétribués en conséquence ne peut être assimilé aux anodines conversations d’un café du commerce.
Laurent Blanc le reconnaît d’ailleurs lorsqu’il déclare «Je veux des joueurs différents mais dans le jeu, pas au niveau de la couleur de la peau. Cela n’a jamais été un critère pour moi d’éliminer un joueur sur son origine. Ma seule erreur, c’est de dire « les Blacks » quand je parle des gens de couleur et j’ai beaucoup d’amis qui le sont. Ma femme m’en fait le reproche. Mea culpa. »
Si l’on se réfère à la réunion en question son discours apparaît malheureusement un peu plus radical. » Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture (...) Les Espagnols, ils m'ont dit: “Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas”.»
Plus question d’abus de langage mais bien en l’occurrence d’un « Changement d’orientation culturelle » avec tous les clichés que cela présuppose. Le joueur noir serait costaud et rapide et son homologue à peau claire, petit et technique. Messi, Iniesta ou Xavi, à croire le sélectionneur ou Christophe Dugarry venu à sa rescousse, seraient à cause de cette politique trop athlétique, passé au travers des mailles de la détection. (Comment ont donc émergé Platini, Giresse, Tigana, Fernandez et tant d’autres techniciens avérés ?).
Que veux dire en outre Laurent Blanc lorsque relayant le discours des espagnols, il évoque des problèmes inhérents à la présence de joueurs à peau sombre ?
C’est à cet instant que tout peut déraper et que les valeurs républicaines d’intégration et de solidarité prônée par la génération « Black, Blanc, Beur » perdent singulièrement de leur consistance . Nos responsables se doivent en toute circonstances de demeurer exemplaires.
Restent ensuite la mise en place de quotas suggérés par la DTN pour pallier aux « Problèmes « posés par le comportement des binationaux, autrement dit des gamins (essentiellement issus des couches les plus modestes de la population) qui peuvent à leur majorité choisir, conformément à la loi, d’évoluer sous d’autres couleurs que celles de la France formatrice. Ces passerelles avec l’Afrique sont l’une des conséquences du passé colonial qui fait partie intégrante de l’histoire de notre pays.
Que la France finance aujourd'hui pour ces enfants une formation de qualité doit être assimilé à un transfert de technologie et considéré moralement comme une pâle redevance compte tenu des exactions commises dans un passé si pesant.
Chaque football porte en lui l’héritage politique et culturel du pays où il se pratique. Les joueurs d’origine surinamienne évoluent de préférence au Pays Bas, les mozambicains au Portugal, les sud- américains en Espagne et les maghrébins en France.
Souhaiter remettre en question l'impact de ces cultures au prétexte d’influer sur le jeu me semble à la fois vain et dangereux.