Si j'étais conseiller du Qatar ...

Le sport mondial est à vendre. Affirme Frédéric Bolotny l’un des économistes les plus pertinents dans ce domaine en France.
Et cela tombe bien puisque le Qatar a décidé de s’offrir une virginité sur la planète géopolitique. Jusqu’ici ce territoire désertique était surtout connu pour ses immenses réserves de pétrole et de gaz naturel, exploitées en partie par une main d’œuvre immigrée à bas coût d’origine indienne ou pakistanaise.
Une enquête édifiante réalisée par le journal « Le Monde » mentionne que le taux de croissance dans ce pays s’élève à plus de 16% et que le revenu par habitant est de l’ordre de 75000 dollars annuels. Des chiffres surréalistes par ces temps de marasme économique.
D’où la tentation pour l’émirat de réaliser un bon coup en terme de marketing politique en investissant massivement dans le sport professionnel fragilisé par le surendettement. Il n’y a pas de moyens plus efficaces pour redorer un blason !
Les plus belles victoires du Qatar restent pour l’heure Al- Jazira, la CNN du monde arabe crée en 1996 et l’organisation de la coupe du monde 2020.
Les nouveaux challenges se focalisent désormais en Europe  sur le football par le biais de prise de participation dans les clubs, de sponsoring maillot ou par l’acquisition de droits de diffusion télévisuels.
Il est encore trop tôt pour se faire une opinion sur les conséquences qu’aura cette  conquête méthodique, en terme de dépendance économique pour les disciplines et les pays concernés. En revanche puisque l’on parle ici d’image et de communication, d’autres solutions moins onéreuses pourraient être initiées par ceux aujourd’hui qui usent du pouvoir de l’argent.
Si j’étais conseiller du Qatar, je leur proposerais par exemple de sponsoriser l’équipe de football de la Palestine  qui tente de se qualifier pour les JO de Londres.
Mon confrère Richard Coffin qui vient de réaliser un reportage dans la bande de Gaza a partagé le quotidien de ces joueurs pro, rémunérés 500 euros par mois et logés dans des camps de réfugiés. Il témoigne du temps perdu aux Check point, des petites tracasseries administratives qui harassent et  perturbent grandement les séances d’entraînement. L'équipe de  Palestine, dans ces conditions précaires,  a pourtant en matches éliminatoires tenu tête au Bahreïn, un état du Golfe qui dispose évidement d’autres arguments financiers.
Sur le plan politique les négociations entre la Palestine et Israël semblent au point mort. Les autorités palestiniennes demanderont en septembre leur reconnaissance comme État membre des Nations unies avec un projet de territoire s’appuyant sur les frontières de 1967, ce qui risque d’envenimer les relations avec Israël.
Le sport encore une fois peut offrir quelques espérances pour l’avenir. Le comité olympique israélien ne vient-il pas  de tendre la main aux athlètes palestiniens en leur proposant  pour leur préparation olympique de partager leurs centres d’entraînement ? Il s’agit là  peut être encore d’un simple coût de marketing politique, mais qu’importe si cela permet au processus de paix de progresser. Alors si j'étais conseiller du Qatar ...