Le poids démesuré de l'image. Mahiedine ange ou démon ?

Quelle importance accorder à l’image ? Faut-il aveuglement lui faire confiance au risque d’y laisser affleurer en guise de légende,  nos propres peurs, nos seules émotions ?  Mahiedine Mekhissi notre champion du steeple médaillé de bronze à Daegu nous offre à quelques jours d’intervalle deux arrêts sur images des plus instructifs.

La bataille de chiffonniers de Monaco tout d’abord. Une empoignade  face caméra détestable, le mettant aux prises avec un autre grand du demi-fond, Medhi Baala.  La vidéo fait aussitôt le buzz sur le net.

C’est toute proportion gardée un remake du coup de boule de Zidane, l’icône en moins. L’image de l’athlétisme en sort écornée. Voilà une discipline de petits caïds  de banlieue qui ne vaut guère mieux que le ballon qui ne tourne plus rond. Certains exigent des sanctions exemplaires, une interdiction pour ces deux là d’exercer leur profession de coureur à pied. La fédération qui faute de combattants   ne peut se permettre un tel luxe, prône l’apaisement et choisit une sanction médiane. 

Deuxième image hier à Daegu, capturée à l’arrivée du 3000 mètres steeple. Mahiedine lancé privé in extremis  de la médaille d’argent  par un écart désespéré du Kenyan Kipruto, manifestement au bout du rouleau. La faute est manifeste. Est-elle intentionnelle ou s’agit-il seulement du reflexe d‘un athlète en détresse ?

Mahiedine dans un premier temps proteste avant de se raviser et à son tour de prôner l’indulgence. Il ne veut pas de médaille d’argent glanée sur tapis vert. Il n’a guère envie d’alimenter la polémique. Il sait trop quels efforts surhumains sont nécessaires pour mener à bien une préparation de ce type. Les spécialistes de l’endurance, camarades de souffrances sont  des hommes solidaires avant tout. La deuxième image nous montre donc Mahiedine présumé bagarreur, se promener bras dessus bras dessous avec son vainqueur du jour le  kenyan Kemboi. Ceux là unis dans l’allégresse sont devenus les meilleurs amis du monde jusqu’à la prochaine compétition.

Méfions nous donc de l’impact exorbitant de l’image. Mahiedine n’est pas  plus un bagarreur  qu'un chevalier blanc. C’est un homme tout simplement. Et c’est sans doute pour cela que je l’apprécie tant.