Et si ce premier tour calamiteux n’avait servi qu’à une chose ? A mettre le quinze de France dans des conditions idéales pour franchir l’obstacle anglais en quart de finale de la coupe du monde de rugby.
Mon ami Pierre Salviac définit historiquement le quinze de France comme une équipe à réaction. Pour que son décollage soit parfait il faut qu’elle apprivoise le doute, frôle le marasme. Et de ce côté-là elle est servie. Les errances relevées face au Canada, au Japon et au Tonga auraient condamné avant l’heure bien d’autres formations au rugby plus académique.
Mais pas la France qui ne joue jamais aussi bien que lorsqu’elle se trouve acculée.
. Un exemple parmi tant d’autres pour étayer cette thèse ? La demi finale d’anthologie remportée face aux invincibles All Blacks en 1999 lors de la coupe du monde organisée en Angleterre justement. Les bleus inférieurs sur le papier alignent une formation étonnante avec une paire de centre improbable ( Dourthe-N’Tamack) et une charnière inattendue (Galthié-Lamaison).
Toute ressemblance avec les attelages proposés par Liévremont est loin d’être fortuite. (Mermoz-Rougerie et Yachvili-Parra) .
Ce jour là sur la pelouse de Twickenham, les bleus avaient d’abord laissé s’essouffler la tempête symbolisée par les surpuissantes chevauchées de Lomu avant de s’en remettre à la botte de leur ouvreur et à l’inspiration de leur demi de mêlée.
L’essentiel en partie invisible s’était déroulé au préalable, en sous sol, par la main mise du cinq de devant dans la conquête et dans les phases statiques, tant il est vrai que le rugby ayant horreur du désordre exige le respect d’un certain protocole avant de permettre aux lignes arrières de lâcher les chevaux.
Les anglais sont donc prévenus, eux qui prônent infiniment plus de conformisme dans leur jeu. L’histoire de ce point de vue ne leur est pas défavorable puisque les confrontations entre la rose et le coq dans le cadre de la coupe du monde ont souvent tourné à l’avantage de la première.
Martin Johnson le coach anglais ne s’y est pas trompé en proposant encore une fois la combinaison à deux ouvreurs qui avait si bien fonctionné lors du mondial 2007. ( Toby Flood prenant la place de Mike Catt) Mais ce jour là dans l’enceinte du Stade de France les français avaient endossé le costume du favori, celui qui leur sied si mal. Tandis que demain…
Conclusion : La meilleure manière de battre les anglais c’est donc de leur faire le grand honneur de les considérer par delà l’immaculé de leurs maillots comme des blacks en puissance.