La question mérité d’être posée à la lecture d’un article signé Mustapha Kessous, paru dans le journal « Le Monde » daté du 31 janvier.
La qualification de la Guinée Equatoriale pour les quarts de finale de la coupe d’Afrique des nations donne aux médias l’occasion d’éclairer les zones d’ombre de l’un des deux pays organisateurs de l’épreuve. L’ancienne Guinée espagnole, indépendante depuis 1968, est née de l’assemblage de deux territoires minuscules disjoints. L’un continental coincé entre le Gabon (co- organisateur de l’épreuve) et le Cameroun, l’autre insulaire qui abrite notamment la capitale Malabo. Ce découpage disparate est comme souvent en Afrique la conséquence directe des colonisations anglaise d’abord puis espagnole.
La découverte récente d’importantes ressources pétrolières a révolutionné la destinée de ce confetti sans avenir condamné au sous-développement et à l’indifférence des investisseurs. La production de pétrole brut représente aujourd’hui 90% des recettes d’exportation du pays. Soit un chiffre sensiblement inférieur aux scores obtenus par le président de la république Teodoro Obiang Nguema Mbasogo arrivé au pouvoir par un coup d’état en 1979 et régulièrement plébiscité depuis avec des pourcentages de voix oscillant entre 97 et 99 %.
En Guinée Equatoriale on gouverne en famille. Tous les postes à responsabilité sont détenus par des personnalités originaires du même village et de la même ethnie que le président.
Le fiston grand amateur de ballon rond avait promis une prime pharaonique de 1 million de dollars en cas de victoire des Nzalangs (tonnerre en dialecte local) lors du match d’ouverture de la CAN face à la Libye. Il a tenu parole.
Voilà contre toute attente son équipe désormais propulsée en quart de finale face aux grands favoris de la compétition, les éléphants de Côte d’Ivoire. Nul doute que l'étét providence des footballeurs mettra encore la main au portefeuille en cas de succès. A quel niveau ?
Comme pour le Qatar les chiffres murmurés donnent le vertige. Tant mieux pour le football, me direz vous ? Pas si sûr. L’équipe nationale est constituée en quasi totalité de mercenaires naturalisés à coups de chèques mirobolants. (Brésiliens, ivoiriens, nigérians, espagnols) et aucun championnat national n’est encore organisé en Guinée Equatoriale.
Le pays dont le taux de croissance s’est envolé depuis l’apparition de la manne pétrolière reste en outre l’un des plus défavorisé au monde en terme d’éducation, de santé et d’infrastructures. L’engouement de la population pour son équipe est certes réel mais le football dans ce cas précis comme dans bien d’autres, joue à merveille son rôle d’opium pour un peuple sans perspectives.