Pitié pour Didier Deschamps !

Deux matches de football, deux entraîneurs, deux mondes. Quel gouffre abyssal démarque le triomphe de Quevilly face à Rennes en demi-finale de  coupe de France  du sacre de Marseille en  coupe de la ligue !

Au plan du jeu pour commencer. Les Olympiques n’avaient qu’une partition heurtée et stéréotypée à offrir au public surchauffé du SDF tandis que les amateurs normands à d’Ornano ont régalé leur auditoire d’un football audacieux à une touche de balle, pratiqué sans malices ni calculs.

La qualité des joueurs n’est évidemment pas en cause. C’est le système dans lequel s’inscrit la vérité du ballon d’aujourd’hui qui pervertit et affadit l’élite nationale. Organismes usés, spontanéité envolée, pression médiatique harassante. La loi de la gagne qui prime sur le  jeu et le spectacle.

Rendons à nos artistes leur désinvolture d’enfants footballeurs et  nous retrouverons peut être un jour en ligue 1,  cette fraîcheur insensée qui rend la coupe de tous les clubs de France si attachante.

Le stress permanent auquel sont soumis les acteurs déborde allègrement des terrains. Il suffisait  de visionner attentivement l’interview de Didier Deschamps réalisée par Fabien Levêque pour Stade 2 pour se rendre compte des dégâts causés par une spirale de défaites et un harcèlement en règle. Tout dans l’attitude et le visage  du coach de l’OM appelait au secours. DD avait beau revendiquer une nouvelle victoire, une nouvelle ligne à ajouter à son incomparable palmarès, les moues amères qui  déformaient son visage,  témoignaient de la fatigue immense et de la détresse qui avaient pris possession de son être.

L’exultation de Régis Brouard, son alter ego à Quevilly, se superposait en filigrane sur la mine déconfite de l’ancien capitaine des bleus. Extatique, au comble du bonheur, le mentor des amateurs jouissait pleinement du travail accompli. Le président de l'USQ , Michel  Mallet, invité à la table de Stade 2, lui accordait toute sa confiance.

Quevilly n’était pourtant pas encore sauvé de la relégation mais un club à si petit  budget pouvait-il raisonnablement s’offrir une crise, un conflit larvé comme à Marseille ? 

Seul point positif pour le monde pro. Il garde encore pour l'instant les faveurs des audiences télé. 23% de part de marché pour les olympiques samedi soir ,contre 11% seulement  pour les amateurs, mercredi dernier.

 Mais  combien de temps encore , en ces périodes d'overdose footballistique, les fans de ballon accepteront d’être pris en otage dans leur canapé par un spectacle insipide ? 

Un changement radical de mentalité dans le football professionnel est évidemment improbable. Les clubs n’ont comme force de frappe à proposer que les sommes englouties par les transferts.  Mais on peut tout de même espérer qu’un président amoureux du beau jeu, un tantinet poète,  ait la bonne idée bientôt  de rendre à DD le sourire qui illumine aujourd’hui le visage d’enfant de Régis Brouard, son clone amateur.

Publié par pmontel / Catégories : Football