Je rêve ou ça sent le brûlé ?

Amoureux de l'athlétisme, j'imagine que les résultats du récent marathon de Dubaï ont du vous interpeller.

En chronométrant les cinq premières arrivées  sous le mur vertigineux des 2h05, les organisateurs se sont offerts le marathon le plus dément de l’histoire avec en guise de feu d’artifice un sprint d’anthologie puisque 8 malheureuses secondes séparent le vainqueur l’éthiopien Desisa Benti ( 2h04’’45) du cinquième le kenyan Kiprop Koech.

L’Afrique des hauts plateaux  truste toutes les places d’honneur. Rien de plus normal, me direz-vous ?  

Le seul problème c’est que l’athlétisme est un sport de chronomètre et que les chiffres quelquefois en disent plus long que tous les superlatifs. Selon nos confrères de VO2 dont il est difficile de mettre en cause la rigueur et le sérieux le dernier 400 mètres de ce marathon venu d’ailleurs aurait été bouclé en 51 ‘’4 manuel soit sensiblement le même temps que le dernier tour bouclé par le kenyan Rudisha lors de son record du monde du 800 mètres  établi aux derniers  JO de Londres.

 Certes les derniers hectomètres du marathon de Dubaï ont été effectué en ligne droite mais peut-on raisonnablement imaginer une tel sprint échevelé de la part d’athlètes ayant auparavant avalé plus de 40 km ?

Cette offrande de janvier de la part d’un père Noel surréaliste, si ces chiffres sont avérés, me remplit d’une tristesse infinie. Ce final de marathon sonnerait la fin du marathon. En tout cas de celui  que l’on aime. Celui au cours duquel la souffrance est palpable, le combat loyal, le souffle court.

Au lieu de cela des hommes sortis de nulle part (L’un n’est âgé que de 19 ans, un autre était débutant sur la distance) réalisent aujourd’hui des temps si stupéfiants qu’ils annoncent des lendemains qui déchantent.

Il est grand temps de se pencher au chevet d’une discipline mythique mais bien malade  qui  risque fort si l’on n’y prend garde de rejoindre le cimetière de plus en plus fréquenté des farces sportives.

 Enfin pour la petite morale de l’histoire on notera que si la dotation accordée au vainqueur était de 188000 dollars,  le 5éme en franchissant la ligne 8 secondes plus tard dut se contenter de 12000 dollars malgré son temps stratosphérique.(2h04’’53). Le jeu alors en valait-il la chandelle ?