Le fond et la superficie. Le prix réel de l'image.

Personne sans doute au PSG n’avait senti le coup venir. Les contours du titre remporté la veille à Gerlandétaient encore flous,  floutés par des images parasites.

L’altercation violente entre la star de l’équipe , Ibrahimovic et le manager général du club Leonardo,  dans le vestiaire,  relativisait le bonheur de ceux qui devant leur poste de télé avaient assisté au sacre.

Drôle de Happy End en vérité ! 19 ans que Paris n’avait pas été à pareille fête et voilà qu’une caméra indiscrète mais autorisée capturait une séquence surréaliste. Fâcheux contre temps attribué officiellement à la rigueur du contrôle antidopage. L’image muette contenait  en elle même,  bienplus que cette seule péripétie. La césure semblait réelle.

Après le coup de sifflet final, , la France du football avait vu les historiques du PSG regroupés dans le rond central. Les expatriés,  eux,   fêtant le titre, ailleurs dans le stade. Chacun deson côté, comme une fracture patente.

L’image, toujours l’image, disséquée, exhibée en boucle, par les diffuseurs gloutons qui abhorrent le vide. Le lendemain on apprit que Leonardo victime d’un malaise avait passé la journée à l’hôpital. Absence d’image pour le coup qui ne fit encore qu’amplifier le malaise.

Il fallait une mettre en place en urgence une  communication digne de l'aura de  Paris, plus en phase avec les  investissements colossaux consentis par les nouveaux propriétaires.

L’esplanade du Trocadéro avec la Tour Eiffel en arrière plan représentait le lieu idéal pour refermer dignement  le livre d'images.  Voir l'équipe unie brandir sur l’estrade improvisée le trophée sous les hourras des supporters. Voilà une séquence qui aurait  eu de la gueule à l’international !

Magic Paris made in Qatar. Des maillots à vendre à l’export, des marchés à conquérir. Les images feraient le tour du monde et effaceraient sans peine les scories lyonnaises. Les équipes d’Al Jazeera étaient  mobilisées pour relayer le bel ouvrage.

L’affaire était d’importance puisqu’il s’agissait de témoigner du rayonnement d’un richissime état confetti qui a choisi le sport comme vitrine.

Las, rien ne se déroula comme prévu. Des hordes identifiées comme casseurs ou ultras,selon le point de vue duquel on se place, déferlèrent sur les beaux quartiers pour gâcher la fête. Au lieu de liesses fraîchement scénarisées, d’entente cordiale retrouvée, on eut droit à des batailles rangées, à des scènes de guerre civile. Au milieu de la foule déchaînée, des drapeaux et oriflammes, une pancarte «  Liberté pour les Ultras ». Ce matin en corollaire,  ce témoignage anonyme recueilli par France Infos « Le foot on s’en fout ! Avec la bande de Clignancourt, on est venus pour tout casser ! »

Casseurs, Ultras ? Et Ultras quoi d’abord ? Ultras paumés, ultras violents, ultras sans avenir ? Fin 2012 le Qatar tout puissant avait décidé de débloquer 50 millions d’euros pour financer des projets d’investissements dans les banlieues. Depuis ces fonds semble-t-il, ont été gelés.

S’ils veulent conquérir le Paris du football, les qatariens devront faire un détour  par la banlieue. Il leur faudra  dépenser infiniment plus que la masse salariale du PSG. Le salaire d’Ibra ne suffira pas à redonner l’espoir à des gamins qui n’ont que la drogue et la violence pour se faire une place au soleil.

L’effort s’il est consenti,  devra de concert avec des fonds publics, porter prioritairement sur l’éducation des gamins des cités, la seule manière à l’avenir d’éviter de tels débordements. L’image conquérante et victorieuse que veulent colporter de par le monde les dirigeants du Qatar, est à ce prix. C’est le coût d’un travail defond et non seulement de superficie. Sont-ils prêts à s’engager là ou l’état français est en passe d’échouer ?

Publié par pmontel / Catégories : Football