Quelle levée de bouclier hier sur Twitter pendant la diffusion de l’enquête de France 2 sur le foot dans le cadre du magazine « Cash Investigation » ! L’humeur suintait sur la toile.
« Si le foot n’était déjà pas assez détesté, France 2 se charge de finir le boulot »
« Voix off qui persifle. Elise Lucet qui se la joue « moi je dénonce » Je ne vais pas tarder à aller me coucher. »
« Arrêtez de prêcher pour votre paroisse ! C’est rempli de lieux communs, démago. On n’apprend rien !! Très décevant !! »
« Reportage consternant. On enfonce des portes ouvertes ! »
« Malaise à France 2 pour ce reportage pourri «
Le trait est tellement forcé qu’il cache probablement d’autres pathologies. De l’addiction classique au conflit d’intérêt.
Le football confirme s’il en était besoin son statut particulier dans l’univers du spectacle sportif. Marché dérégulé, règles dévoyées, religion d’état, opium du peuple.
N’en déplaise à tous les intégristes du ballon rond, voici quelques informations et réactions recueillies grâce au travail d’investigation de journalistes qui méritaient bien d’être diffusées à une heure de grande écoute sur une chaîne généraliste.
Les maquignons font désormais leur marché directement à l’INF de Clairefontaine lors des journées de détection réservées aux gamins âgés de 11-12 ans. Plus tôt s’effectue le recrutement, plus juteux s’avère l’investissement. Certains parents pour quelques milliers d’euros se laissent facilement convaincre. De quoi améliorer l’ordinaire et rêver d’avoir enfanté le nouveau Zizou.
Si les journalistes ne sont pas les bienvenus à cette occasion, les berlines aux verres fumés accèdent sans difficulté au parking visiteurs.
Les espoirs les plus prometteurs font l’objet de surenchères financières de la part de fonds d’investissement soucieux de dénicher des valeurs à forte rentabilité. Ainsi ce jeune international français qui ayant signé au FC Porto apprend que son corps est vendu en pièces détachées à des entreprises spécialisées dans l’extraction de métaux précieux. Le joueur-produit dans ce cas précis n’est pas dupe. Lorsqu’il s’apprête à commenter son statut pour le moins original, l’attachée de presse du club le morigène. L’entretien doit porter exclusivement sur l’aspect sportif. Le reste appartient au club et à ses secrets de fabrication.
La complicité de tous les acteurs du système est patente tout au long de l’enquête. Jérôme Valcke le numéro 2 du gouvernement mondial du footballtout comme Michel Platini le patron pour l’Europe évoquent un esclavage moderne tout en avouant ouvertement leur impuissance.
La charte morale derrière laquelle se cachent pudiquement tous les hauts responsables est foulée au pied sans que personne ne s’émeuve. Des agents condamnés à de la prison ferme continuent à oeuvrer à visage plus ou moins découvert. et des dirigeants convaincus de corruption continuent de siéger au sein des plus hautes instances.
Noel Le Graet le président de la FFF absout sans détours tous les agents qui ont franchi la ligne jaune au prétexte qu’il conserve d’eux une bonne opinion et qu’ils travaillent bien.
Ce reportage édifiant donne la nausée à tous ceux qui comme moi ont été nourri au football. La vérité si elle est douloureuse est nécessaire pour sauver ce qui peut l'être encore.
Mais le grave, à mon sens, reste la réaction de certains qui en dépit de cette implacable démonstration continuent de faire porter la responsabilité des dérives aux journalistes trop fureteurs. Commentévitez les caméras cachées, les zooms puissants et les voix déformées lorsqu’il s’agit de s’introduire dans un univers où la politique de l’autruche et l’omerta demeurent la règle absolue pour s’enrichir?
S’enrichir sur le dos et les rêves de gamins dont une minorité seulement accédera au statut professionnel. Quid des autres ? J’ai comme dans l’idée que tous ces aveugles s’en moquent éperdument pourvu que le spectacle continue.