Les jeux de mots affluent, autant de raccourcis commodes. Au Nanterre de Feu de l’Equipe je préfère pour ma part Nanterre d’Accueil.
Celui réservé à Fabien Marsaud dit « Grand corps malade » ancien basketteur de la JSF Nanterre, membre de la bande bondissante qui défraie la chronique et réveille l’intérêt des médias pour la grosse balle orange. Fabien le slameur du 93, est revenu à la source l’espace d’une matinée. Franck Le Goff l’adjoint du coach Pascal Donnadieu avait conservé une feuille de statistiques le concernant. C’était avant l’accident qui le contraint aujourd’hui à se déplacer péniblement à l’aide d’une canne. L’ailier de l’équipe espoir était alors sur les tablettes des centres de formations. « Un bon élément qui compensait ses lacunes par une activité titanesque sur le parquet. » Commente Pascal Donnadieu, l’âme de Nanterre, qui conserve le souvenir d’un garçon attachant et peu avare de ses efforts.
Fabien qui craignait sans doute un peu ses retrouvailles a tout de suite trouvé ses repères. En l’espace de 25 ans la Jeunesse Sportive des Fontenelles, a avalé 13 échelons pour décrocher le Graal la saison passée mais n’a jamais renié ses convictions profondes.
Altruisme, humilité, sacrifice et combativité. Priorité absolue à l’humain et au collectif. Il ne suffit pas d’être doué pour espérer intégrer l’effectif du club francilien. Une rencontre sportive se gagne rarement à s’en remettant au talent d’un seul joueur. Nanterre l’a encore prouvé hier soir en terrassant sur le fil le Partizan Belgrade grâce à l’abnégation de tout un collectif. (5 joueurs à 8 points et plus).
Nanterre désormais aux portes du Top 16 européen, un palier qu’aucun club en France n’a pu atteindre depuis Pau Orthez en 2007.
La belle histoire qui continue. Nanterre champion de France surprise la saison passée qui est attendu sur tous les parquets désormais, mais occupe toujours la tête du championnat. Mieux même la bande à Donnadieu force le respect des plus grands après sa victoire retentissante en Euroligue à Barcelone (71-67).
Pourtant rien n’a changé. Les joueurs avant chaque entraînement n’oublient jamais de venir saluer les employés municipaux qui s’activent pour préparer la salle. Pour avoir assisté à ces moments simples et chaleureux, je peux témoigner qu’il n’y a rien de forcé dans ce rituel.
Le public, jure Donnadieu est au diapason. Rien à voir avec celui de Belgrade dont une partie, au match aller, a accueilli les joueurs de la JSF avec des cris de singe. Donnadieu n’a même pas osé protester. « A quoi bon ? Quel argument aurai-je pu leur opposer en vérité ? Je ne suis qu’un petit coach, un intrus dans l’Europe du basket ! »
La JSF à l’occasion des joutes continentales délaisse le gymnase Maurice Thorez trop exigu, pour rallier la Halle Carpentier, mais n’oublie jamais les valeurs qui l’ont fait roi.
Fabien évidemment n’a pas raté une miette de ce festin trop rare. Un parfum de basket d’avant, celui des patronages. Une oasis familiale perdue au milieu des barres d’immeubles grises et inhospitalières, implantée en terre inconnue.