Quand on ne marche pas comme il faut, on mérite la disqualification. C’est en tout cas ce qu’en concluent les juges de la marche athlétique qui ont renvoyé Yohann Diniz à ses études et à son amertume, nous privant du même coup d’une bagarre qui s’annonçait sublime. Yohann le favori s’est éclipsé sans même pouvoir puiser dans son immense potentiel.
Quelle fin cruelle pour un garçon exemplaire qui avait construit toute sa saison sur une seule course.
Avoir ou ne pas avoir la jambe tendue. Telle est la question. Constat étrange dans le cas de Diniz pourtant réputé pour sa régularité technique. Pourquoi cette volte face brutale aujourd’hui ? Diniz qui n’est pas un perdreau de l’année a pu par bonheur à leur insu se construire un sacré palmarès.
« C’est la loi de la marche » S’est borné à constater le rémois quelques instants après son expulsion de l’épreuve insistant par la même sur l’aspect éminemment subjectif d’une discipline qui tranche avec la rigueur mathématique qui régit les principes de l’athlétisme. « Je n’aurais jamais pu être un marcheur de compétition. » Reconnaissait notre ami et consultant Stéphane Diagana notant que la vie est déjà assez aléatoire comme cela pour que la pratique sportive de haut niveau n’y participe à son tour.
Il y a quelque de terriblement anachronique et injuste dans les épreuves de marche, un petit peu masochiste aussi. Un marcheur, parait-il, passé le 40 ème kilomètre n’abandonne pas. On a vu ainsi Bertrand Moulinet policier de son état tituber sur l’asphalte à demi conscient pour finir épuisé bien longtemps après que le vainqueur russe ait franchi la ligne.
Il faut donc pour devenir un marcheur d’élite cumuler des qualités rares. Etre dur au mal, capable, le plus souvent en solitaire de s’entraîner comme un forcené. Digérer jusqu’à 280 kilomètres par semaine comme l’australien Nathan Deakes contraint comme Yohann a quitté la course prématurément, sanglotant comme un enfant, perclu de douleur .Il convient aussi de se montrer obéissant et d'accepter de lever le pied, après avoir reçu une remontrance (avertissement) pour signifier au juge qu’il a eu raison de vous sanctionner.
Yohann pour avoir mener grand train après avoir reçu deux avertissements, a chèrement payé sa fronde. Il parait pourtant qu’aujourd’hui l’un des trois juges responsables du hors course de Yohann a pris une soufflante par son patron pour avoir fait sur le coup uu excès de zèle.
Il faut enfin savoir s’exporter et ne pas hésiter à faire campagne pour expliquer aux juges du monde entier son style de marche. Yohann a peut être payé en Corée sa préférence à ne concourir qu’en France, pour des raisons économiques qu’il est aisé de comprendre.
Car un marcheur de haut niveau ne peut disperser son énergie comme un sprinteur ou un sauteur sur tous les stades de France ou de Navarre. Il ne peut raisonnablement participer qu’à un seul grand « 50 bornes » chaque année. D’où l’une des qualités essentielles requises pour faire l’affaire.
Rester humble dans l’effort et ne pas s’attendre à tirer grand profit de ses performances fussent-elles exceptionnelle. Rien que pour cela Yohann et avec lui tous les marcheurs du monde méritent notre plus grand respect.