Le handball comme je l’aime. Derby haut de gamme à l’Arena de Montpellier, retransmis sur France 3 grâce à un décrochage régional. 8500 privilégiés dans les tribunes. Plus une seule place à vendre.
Olivier Girault l’ancien capitaine de l’équipe de France me livre les clés de la dernière rencontre de championnat de l’année. Opposition de style, choc des cultures.
Le Nîmes des Lathoud, Volle, Médard et Porte a certes perdu de son lustre d’antan. Une extraordinaire motivation et une condition physique parfaite tentent de compenser les carences techniques. Face à la Green Team, le Montpellier de Patrice Canayer en charge de l’équipe première depuis 1995.
Montpellier naguère intouchable qui joue désormais pour rester au contact des nouveaux patrons de la discipline. Le PSG et Dunkerque. Montpellier qui panse ses plaies et relève la tête après l’épisode douloureux des paris.
J’appréhendais un peu le déplacement. Me voici d’entrée rassuré. Si les joueurs écrivent la légende d’un club, les dirigeants instillent durablement sa philosophie. A Montpellier on sait conjuguer la modernité et le respect des valeurs. L’accueil est bon enfant et professionnel. La position commentateur est très basse, située entre le banc des joueurs et les premières travées des tribunes. Aucune récrimination ni animosité. Pas la moindre trace de nuages dans le ciel de l’Arena.
Le sport est une fête et le derby son point d’orgue. Tandis que les joueurs terminant l’échauffement, Olivier Girault évoque des joutes serrées entre les artistes et les maillocheurs (sic). Les artistes en mode 3G s’envolent d’entrée. Intenable Guigou, intenable Gaber, intouchable Gajic. Les gardois sont à la rue. Jérôme Chauvet, le coach de Nîmes, expert en maillochage, consomme prématurément ses temps morts. Il a beau hausser le ton, rien y fait. Saurina, la star gardoise est muselée.
A la pause, tout est dit ou presque. L’écart au score se maintient à la reprise. Montpellier conserve sans frayeurs son matelas de 5 buts. Mais Nîmes joue plus juste. Saurina impeccable aux jets de 7 mètres, trouve l’ouverture en distillant quelques tirs masqués déroutants. Mais alors que l'on met l’accent sur ces louables mais vaines réactions, tout bascule tout à coup.
Nîmes mailloche comme aux plus beaux jours. Montpellier recule imperceptiblement. Grebille l’ancien lanceur de javelot hésite désormais à prendre ses impulsions pour défier la défense verte . Gajic sur son aile est moins incisif. Nîmes entame sa remontée fantastique avec ce handball à l’ancienne sur lequel les Barjots ont bâti leur fond de commerce.
Saurina est irrésistible et Idrissi le gardien gardois entre en scène. Il remporte son face à face avec Guigou, repousse un penalty de Gajic, un second ballon de Gaber. La 3G s’enraye face à la muraille de Nîmes. Les arbitres jusque- là peu sollicités, mettent la main à la poche. Les « Deux minutes pleuvent ». Un carton rouge même pour le gardois Tesorière emporté par son élan. Le géant d’1m98, regagne son banc, la tête basse. Il nous interroge du regard. « Il y est ? » Olivier lui confirme la justesse de la sanction d’un signe de tête. Tesorière esquisse une petite moue désolée. Pas la moindre trace de colère ou de ressentiment.
Me voilà ramené des années en arrière lorsqu’il existait une réelle complicité entre tous les acteurs d’une rencontre, arbitres, athlètes et journalistes. Si les Nîmois ont durci le ton, c’est parce qu’ils savent pertinemment qu’ils n’ont pas d’autre possibilité pour faire craquer les locaux. Au bout du compte, la Green Team échoue d’un petit but. Voilà 20 ans que Nîmes ne s'est pas imposé dans l’Hérault Mais l’essentiel est ailleurs. Les joueurs qui se congratulent. Le public de l'Arena qui exprime bruyamment son grand bonheur.
Ce soir, c’est évident, c’est tout le handball qui a gagné. Et c’est tout à l’honneur d’un Montpellier encore convalescent de nous avoir offert ce joli conte de Noël, cette belle leçon de vie et de tolérance.
