Quelque chose de Marie Jo dans le regard de Laure hier soir au 20 heures. Invitée de Laurent Delahousse, la star des bassins a annoncé face caméra ce que tout le monde savait déjà. Un come back avec les jeux de Londres en point de mire.
Tout à coup, j’ai eu l’impression de revenir plus de huit années en arrière tant les carrières sportives de Manaudou et de Perec se ressemblent. Voilà deux icônes du sport français contraintes de s’esquiver par la petite porte. Marie Jo à Sydney, Laure à Pékin.
Deux championnes exténuées par les exigences la haute compétition, par des séances d’entraînement infernales, initiées quelquefois bien avant l’adolescence.
Deux athlètes déchues qui sombrent dans la dépression et s’exilent pour se reconstruire, tenter de reprendre une vie normale. Elles aspirent désormais à se promener tranquillement dans la rue, à avoir un jour un enfant.
Jusqu’au jour où le démon de la compétition les rattrape. Elles qui ne sont pas encore totalement sevrées, accordent à nouveau du crédit aux propos de tous ceux qui ont intérêt à les faire replonger.
D’abord elles reprennent timidement l’entraînement, juste pour voir. Et puis leur corps peu à peu se souvient de ses décharges puissantes d’adrénaline qui emportaient tout sur leur passage. Et la machine alors s’emballe comme avant.
Il ne reste plus que le plan "Com" à peaufiner. Car l’affaire à ne pas douter s’avèrera juteuse. Le sport français en mal de stars féminines s’en remet aujourd’hui presque exclusivement à l'exceptionnelle longévité de Jeannie Longo. La voie est libre.
Dans l’ombre de Laure on se projette déjà sur les « Une » des magazines de demain. « La première course, la première victoire, la médaille enfin ! »
Mais il faut pour cela tout organiser avec méthode, ne pas brûler les étapes. On se concerte pour choisir le jour de l’annonce, les médias qui relayeront la nouvelle. Laure à cet instant précis ne s’appartient plus déjà.
Elle, comme Marie Jo, sont devenues à leur insu des produits marketing tant les intérêts financiers en jeu priment sur toutes autres considérations.
Heureusement c’est tout de même le corps de l’athlète qui aura le dernier mot. Dans le cas de Marie Jo qui avait prévu en 2003 d’effectuer son grand retour à Paris dans le cadre des championnats du monde, il a dit stop incapable d’encaisser les séances programmées. Dans celui de Laure il est évidemment encore trop tôt pour se prononcer. On peut juste lui souhaiter qu’elle ne perde pas son âme à vouloir à toute force ressusciter des vieilles chimères.