Pascal Pape avait dimanche le verbe rare, le visage fermé. Invité sur le plateau de Stade2 le capitaine du quinze de France se contenta du service minimum. Des réponses lapidaires, des propos convenus.
Un instant je crus même avoir comme voisin de table l’un de ces footballeurs interceptés par un journaliste de terrain à la mi-temps d’une rencontre, gêné aux entournures, pressé de regagner les vestiaires.
Renseignements pris auprès de Mathieu Lartot, le spécialiste maison de l’ovale, j’appris que le 2ème ligne du Stade Français avait été intronisé par le staff, unique interlocuteur des médias.
Pape avait déserté précipitamment l'entraînement à Marcoussis pour grimper à l’arrière d’une moto taxi et rejoindre les studios de France Télévisions alors que l’émission avait déjà commencé.
La professionnalisation du rugby comportait quelques désagréments. De toute évidence Pape se serait volontiers passé de ce pensum.
L’homme, par ailleurs plutôt amène , est du genre taiseux. Ses compétences, c’est sur le pré ou dans l’intimité du vestiaire qu’elles s’expriment le mieux. Pour ce qui est de la communication, il laisse cette épreuve à d’autres mieux préparés, plus aguerris. A Sergio Parisse notamment, son compère du Stade Français et capitaine de l’Italie qui lui a servi de chaperon à Londres lors du traditionnel rassemblement des capitaines du tournoi.
Le reportage ‘Made in London’ réalisé par Philippe Lafon autour de cet attelage improbable est parvenu enfin à lui soutirer un sourire.
Pascal Pape ne triche jamais et c’est peut être cela le plus réconfortant.
C’est sans doute l’un des derniers rugbymen à l’ancienne. Le gros de devant, prêt pour le combat qui se moque comme d’une guigne de l’image qu’il laisse derrière lui, dans les salons où l’on cause.
Laure Manaudou au moment de prendre sa retraite a choisi l’extrême opposé. Sa sortie a été mûrement orchestrée .
Une rumeur persistante véhiculée au conditionnel par le journal du Dimanche. Puis un rendez-vous fixé au mercredi soir dans le « Grand Journal « de Canal Plus. On peut même supposer que Paris Match qui comme le JDD appartient au groupe Lagardère parachèvera le jeudi matin ce méthodique plan de communication.
La reine de la natation a déjà par 7 fois obtenu les honneurs de la Une du magazine people, contre 4 fois seulement à Yannick Noah, longtemps pourtant plébiscité comme la personnalité préférée des français.
Il est révolu le temps où médias et sportifs s’affichaient ensemble par affinités ou connivence. Lorsque Jean Pierre Rives, le casque d’or du quinze de France, rendait hommage à Roger Couderc des trémolos dans la voix, où lorsque Thierry Roland hilare, un soir d’arrivée du tour, apostrophait son vainqueur Laurent Fignon par un tonitruant « Vous avez fait le trou Fignon ! «
Les réparties n’étaient sans doute pas toujours du meilleur goût mais elles sonnaient juste néanmoins et témoignaient d'une réelle complicité.
Les avocats, agents et conseil en communication autour de l'athlète, n’étaient il est vrai pas légion.
Aujourd’hui sur l’autoroute des relations contractuelles et formatées, les médias ne représentent plus qu’un passage obligé pour toucher une cible privilégiée. Un moyen, rarement une fin.
Dimanche Stade 2 s’est achevé avec la présence en duplex de François Gabart, fraîchement vainqueur du Vendée Globe. Après plus de 78 jours d’efforts et de solitude, l'aventurier des mers n’avait guère le choix.
A peine avait-il pu serrer dans ses bras son épouse et son fils qu’il lui fallut satisfaire l’appétit des médias, offrir à son sponsor un lucratif retour sur investissement.
Le marin visiblement harassé fit de son mieux pout nous faire partager son grand bonheur mais il était clair que son statut d’assiégé de presse n’était pas celui qui lui convenait le mieux.
Ses travaux d’Hercule ne faisaient pourtant que commencer. On pouvait faire confiance à tous les cerveaux qui avaient concocter son plan com tandis que Gabart en décousait encore avec l’océan, indifférent à l’agitation qui enflait.