A la pause se dégagent quelques constatations en demi-teinte.
La Corée fait grise mine. Le stade de Daegu est à moitié vide et les spectateurs le désertent prématurément. Le taux de remplissage annoncé à 94% quelques jours avant le coup d’envoi des compétitions, était manifestement une supercherie. Il n’est pas très compliqué de comprendre pourquoi les coréens n’adhèrent guère à la féerie des championnats.
L’athlétisme en dehors du marathon n’est quasiment pas pratiqué et aucune star locale possède la moindre chance d’obtenir une médaille. Or les coréens dopés dès les bancs de l’école au Minjok, ce sentiment puissant d’appartenance à une ethnie unique, ne goûtent guère la longue litanie des éliminations prématurées de leurs ressortissants.
Pire encore, leurs responsables politiques qui leur avaient fait miroiter une cérémonie d’ouverture flamboyante, ont du revoir leurs prétentions à la baisse et beaucoup d’habitants de Daegu ont quitté le stade fâchés de constater que le voisin chinois lors des derniers jeux olympiques avait placé la barre si haut que toute comparaison tournait aujourd'hui à leur désavantage.
Une colère d’autant plus compréhensible que l’organisation de l’évènement a induit une augmentation substantielle des impôts. Alors pourquoi le choix abracadabrantesque de Daegu pour ces championnats ?
L’IAAF dans cette affaire a privilégié exclusivement le business et s’est contenté des garanties financières apportées par les puissants sponsors locaux qui en ces périodes de crise surfent toujours sur des taux de croissance respectables. Les championnats du monde d’athlétisme sont devenus désormais un produit marketing comme les autres et peu importe si l’Europe la plus grande consommatrice d’images d'athlétisme, soit pénalisée par le décalage horaire tout comme la plupart des athlètes éreintés par une chaleur étouffante et humide.
Nous sommes entrés dans la même logique commerciale qui a conduit la FIFA a attribuer la coupe du monde de football au Qatar. Le même Qatar qui dans la foulée s’est porté candidat pour organiser les championnats du monde d’athlétisme en 2017 (Décision en novembre prochain).
Que reste t-il alors de ce périple en Corée ? Pas mal de petites choses en vérité pour peu que l’on sache lever les yeux une fois les portes du stade ou de l’hôtel franchies.
Daegu présente le visage résolu d’une ville tournée vers l’avenir. Les rues sont propres et aérées, les voitures étonnamment silencieuses, la population réservée mais bienveillante en même temps. Les soirées sont douces, les terrasses ombragées et la sécurité est totale de nuit comme de jour. La nature à une heure à peine de route est luxuriante et vallonnée.
Voici l’une des raisons principales pour lesquelles je garderai un bon souvenir de ces championnats. La Corée est un pays à la pointe de la technologie qui a su rester fidèle à ses traditions. Reste une interrogation et de taille dans un endroit où les superstitions ont la vie dure. Combien de temps encore va durer la malédiction du programme? Hier c’était la tsarine Isinbayeva qui s’affichait en couverture du magazine . On sait ce qu’il est advenu de ses chances en finale .
Alors à qui le tour désormais ?