La nuit de rêve sous les étoiles, espérée douce et réparatrice, s’est transformée en mini apocalypse.
1h30 du mat’ : le ciel tousse et tonne.
1h45 y’a de la lumière dans nos tentes tant les éclairs sont puissants et nombreux, et répétes !
2h00 le déluge redouté s’abat sur le campement . Evacuation générale. On est tous détrempés en moins de 5 minutes. Les tentes sont repliées un peu n’importe comment, la mienne s’est envolée vers…l’arrivée de la spéciale. Perdue à jamais…Le repli à l’intérieur des voitures se fait tant bien que mal. On finira la nuit dans les sièges baquets. Astuce de luis Alberto, notre pilote : pour incliner un siège fixe, il suffit de placer le véhicule sur un monticule, nez vers le haut. Malin. Régis et moi, on apprécie ;
Deux d’entre nous ont fait le pari de rester sous la tente pendant l’orage. Risqué car impossible de prévoir la durée du déluge. Risqué mais gagnant : Patrick Juillet et Francisco Romero ont terminé la nuit allongés et pas contorsionnés dans un siège non conçu pour un sommeil réparateur.
4 heures plus tard, départ engourdi pour les 40 derniers km de la spéciale. Trempée, la piste est devenue plus ocre. On traverse d’immenses flaques de boue que les concurrents ne trouveront plus pendant le rallye. En janvier la température devrait excéder les 30 degrés à coup sûr.
Direction Termas de Rio Hondo pour enchaîner sur la spéciale N°4 du Dakar 2016. On fait le road book liaison jusqu’au circuit automobile qui accueillera le bivouac comme l’an passé. On s’y arrête quelques minutes pour souffler et Marc Coma fonce vers les tribunes. C’est vendredi, jour d’essais qualificatifs pour une course auto de formule de promotion. Ca fait vroum, et le quintuple vainqueur du Dakar est attiré par le son ronflant des moteurs. Irrépressiblement.
Un peu plus loin au nord, départ de la spéciale N°5. A vue de nez c’est droit, c’est plat.
La première impression est la bonne. La trace est rectiligne…Longtemps et les 100 premiers km de la piste qui nous mène vers Jujuy (encore bien loin) relèvent d’une longue mais facile spéciale de type WRC.
Disons-le, on s’ennuie un peu et dans un haussement d’épaule accompagné d’un sourire contrit, Coma concède : « Bah tu sais, ce sera une étape de transition. Il y a la possibilité d’ajouter 10km de fesh-fesh au début de l’étape mais c’est prendre le risque de mettre beaucoup de concurrents en grande difficulté, voire même d’en laisser en chemin au 4ème jour du rallye. On va continuer d’avancer et on verra plus tard (y compris au dernier moment) si on ajoute la portion difficile ou pas ». L’idée reste aussi de trouver quelque difficulté en chemin…
La suite nous dira que oui… (comme aurait presque dit Brassens)
En attendant, la piste est tellement roulante que nous avons tout le temps de prendre de l’avance sur la troupe…
On travaille sans trop « speeder » et c’est plutôt agréable…
Après notre nuit rock n’roll, l’idée de tomber de sommeil dans un hôtel de Tucuman nous a séduit. Reprise de l’écriture du road book demain.