8h30 retour sur la piste de la spéciale N°3 a l’endroit où nous l’avions quittée. Il fait gris, triste. A peine 10 degrés, du brouillard et un crachin qui n’a rien à envier aux mauvaises matinées bretonnes.
C’est reparti pour une centaine de km d’une étape qui en comptera à peu près 300. Et c’est toujours comme la veille : presque lisse, plutôt large. On s’amuse à penser que Sébastien Loeb devrait venir avec une voiture de WRC… Il serait sûr de mettre la pâtée aux collègues.
Au stop café (tradition incontournable des recos) au bord de la nationale que la piste traverse, on sent bien à le voir tourner en rond que Marc Coma commence à se lasser du terrain proposé. La machine à expresso remballée, Tiziano essaie un « truc » comme il dit.
J’ai la chance d’être à bord de la voiture de Coma et Siviero. Le projet est d’éviter la nationale en empruntant un rio parallèle à celle-ci et en passant sous la route, par le rio. Mais le rio, il faut le trouver ! A droite toute dans un chemin qui, cette fois-ci , relève du Camel Trophy. Ornières d’un mètre, la voiture manque de basculer. On est en contrebas des cultures. A droite un champ de blé, à gauche des cerisiers, au bout : une barrière à peine visible, tant elle est recouverte de branchages.
Coma descend de la voiture, va déblayer quelques bouquets d’arbustes mais il y en a trop. Qu’à cela ne tienne, il contourne par le sous bois et part en courant dans le chemin à peine visible, creusé et débordant d’une végétation qui a repris ces droits ici depuis deux ans facile.
Au bout de son footing, le Directeur de course revient, sourire radieux. Le rio est au bout du chemin !
Et puisque l’on ne peut traverser la barrière mi-naturelle, mi-artificielle, on va faire le tour, prendre le rio à l’envers et remonter le chemin pour vérifier qu’il est « carossable ». Vous me suivez ?
Un petit quart d’heure de tâtonnement dans le rio et nous voilà à l’attaque du tronçon de chemin. La voiture manque de se renverser deux fois, il y a des branches et des ronces jusqu’au dessus des portières mais on arrive devant la barrière, à l’opposé. Coma est ravi : voilà un morceau de spéciale qui donnera du fil à retordre aux concurrents qui foncent depuis le début de cette journée.
« C’est bien de casser le rythme comme ça. Ca c’est le Dakar ! Il va y avoir une petite énigme de navigation dans le rio et après on finira sur une piste rapide, mais au moins il y aura un tout petit peu de cassant » se réjouit Coma.
On se pose dans un village pour mettre tout cela au propre et Coma se prête à une séance photo improvisée avec ce sourire qui ne le quitte jamais.
Fin d’étape très sinueuse en montant et descendant un col. Coma est content : le WRC, ça va bien 5 minutes et Sébastien Loeb peut remballer sa voiture de rallye…
Liaison jusque Jujuy. On passe devant le bivouac qui accueillera les concurrents deux soirs de suite. Comme à Uyuni, ce sera une caserne. Celle du 5ème groupe d’artillerie de montagne. Et pour la deuxième nuit, il s’agira d’une étape marathon pour toutes les catégories car les assistances auront déjà pris la route de la Bolivie.
Il fait nuit. Direction Purmamarca. Demain, on attaque la boucle de Jujuy