Après l’enchaînement voyage-bivouac-tournage-ensablement, on rêvait d’une bonne douche, d’un bon lit…Rien de tout cela ! Les reconnaissances ont leurs rudesses. Ma mémoire a déjà effacé le nom de l’hôtel parfaitement « rudimentaire qui nous accueillît cette nuit-là à San Blas de Los Sauces. A peine un filet d’eau dans une douche empoussiérée, des matelas-mousse qui prennent la forme de votre corps : on loge dans le très-très rustique.

Luis Alberto a même préféré monter sa tente sous les trois arbres chétifs qui séparent notre palace de la pompe à essence de la bourgade. Francesco Rometo, qui gère la logistique de l’équipée, rigole avec nous : « Là on est vraiment mal tombés. Tu me diras les chambres sont à 5 Euros ; et de toutes façons, il n’y avait rien d’autre quand on a pris la décision de s’arrêter. » Ce soir-là, le souvenir du bivouac plus que frisquet de la veille nous a presque laissé des regrets…

Touristes potentiels qui lisez ces lignes, évitez simplement cet endroit et rassurez-vous : il y a mille et un hôtels très confortables dans le Nord-Ouest argentin.

Après une nuit inoubliable, on se prépare, prudents, le café nous-mêmes avec la machine à expresso (mais oui !) installée dans la voiture de Tiziano et se met en route vers Chilecito.

Vérification rapide que le bivouac (un camping immense collé à l’aérodrome) est toujours praticable et route vers le départ de la Spéciale N°10.

Une immense vallée nichée au cœur de somptueuses montagnes rouges nous mène au-dessus de Chilecito. Sur la liaison vers le départ, on doit s’arrêter et attendre que bulldozers et pelleteuses terminent une partie de leur travail sur un tronçon de ce long faux-plat montagneux.

L’Argentine soigne ses zones touristiques. Le serpentin de goudron fatigué sera bientôt une large route à 3/4 voies plus agréable et plus sûre.

Petite pause au départ du 10^ème secteur sélectif du Dakar 2017. On papote avec Coma : «  Je te dis un truc, Kéké : celui qui est en tête au général à la fin de cette étape, tu peux te dire qu’il est presque sûr d’avoir gagné le rallye ».

Ce genre d’affirmation est tellement rare dans la bouche du Directeur de course qu’on lui demande de développer : « Tu vas voir, c’est très dur, très physique et la navigation aussi va beaucoup jouer. C’est la grosse étape de la deuxième semaine ». Francesco Rometo ajoute : « On a l’impression de connaître le coin par cœur mais tu vas voir, il y a des canyons qu’on n’a jamais faits ».

On ne le sait pas encore, mais cette spéciale va nous « coûter » deux jours et quelques efforts mémorables.