Suite de l’étape 2. On a quitté l’hôtel à Ica au lever du jour et on reprend le travail où on l’avait laissé.
C’est reparti pour une partie de grand huit dans les dunes. A la faveur d’un sommet, le spectacle est formidable : nous sommes en haut d’une ligne de crête, en plein soleil, et nous dominons une vaste plaine pour l’instant dans le brouillard. De cette brume épaisse, surgissent les sommets des dunes alentour ; le spectacle nous arrête : photos, contemplation, pause instinctive d’un quart d’heure avant de retourner à l’ouvrage.
Et du boulot, il continue d’y en avoir dans cette deuxième étape. Dès qu’on sort d’un paquet de dunes, on reste sur un terrain très sablonneux. C’est un répit relatif car le paquet de dunes suivant n’est jamais bien loin. Et ça recommence : on se « tanke », on se « pose », on s’y « met ». Toutes les expressions du concurrent de rallye raid en état de misère y passent. Au point qu’au détour d’un énième pâté de sable, la troupe s’arrête et tient conciliabule en dessinant chacun son tour des traces contradictoires sur le sable. Le débat s’articule autour de la création d’un « chicken way »
Coma, dans un sourire : «Kéké, nous on dit chicken way mais normalement le terme officiel c’est parallel way ». L’idée est de proposer aux concurrents une trace parallèle donc, plus facile, plus courte mais pénalisante. « On est à la moitié de l’étape et ça a été très dur jusqu’ici, poursuit Coma. Alors on propose à ceux qui ont galéré, trop galéré, de couper et d’éviter une mini boucle dans les dunes tout en restant en course. C’est plus facile mais tu prends une pénalité énorme. Ca intéresse beaucoup ceux qui veulent finir le Dakar sans accorder trop d’importance à leur classement. Ca leur évite de finir l’étape hors délai et donc d’être mis hors course ».
Les organisateurs ont même le loisir d’ajouter une contrainte à ce dispositif. Ca s’appelle la porte fermée : les concurrents qui arrivent trop tard au point où est fixée l’entrée dans le chicken way peuvent se voir interdits de poursuivre sur la trace normale et obligés d’utiliser le chicken way. Ce dispositif ne serait utilisé qu’en cas de mise en péril de la sécurité des concurrents. Au libre arbitre de l’organisation.
Ce midi-là, l’équipe s’est séparée en deux : les uns sur la trace normale et les autres (dont nous) sur le parallel way. Pour tout vous dire le chicken way plus facile nous a semblé bien rude. Ensablés trois fois jusqu’au marche-pied ! Allez comprendre…
Le dernier tiers de l’étape 2 se fait plus doux : on vient toucher le Pacifique et le chemin de retour vers la Panaméricaine se fait en transpirant un peu moins qu’à l’aller. Mais je resterai circonspect. En course, tout change. La portance du sable selon l’heure à laquelle on y pose les roues, la pression que se mettent les concurrents, et les embouteillages de dunes : une voiture ensablée peut contraindre les suivantes à sortir de la meilleure trajectoire et se retrouver dans les pires ennuis.